Cours de Dr Bouabre
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
UNION - DISCIPLINE - TRAVAIL
Session de novembre 2012
PRESENTE PAR :
Dr. BOUABRE G. M. Salomon
Enseignant-Chercheur,
Maître-Assistant
ANNEE UNIVERSITAIRE
2012-2013
UE : la socio-anthropologie
et les autres sciences
sociales.
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny
Cocody-Abidjan
UFR des sciences de l’Homme
et de la Société (SHS)
Institut des Sciences Anthropologiques
de Développment (ISAD)
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
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SOMMAIRE
Avant-propos 3
Introduction 4
Première partie : Première partie : Clarification du concept de socio-anthropologie 5
CHAPITRE I : LA SOCIO-ANTROPOLOGIE COMME CHAMP CONJOINT DE LA SOCIOLOGE
ET L’ANTHRPOLOGIE
9
CHAPITRE II : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE COMME ARTICULATION DE LA SOCIOLOGIE
ET DE L’ANTHROPOLOGIE
11
CHAPITRE III : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE COMME ANTHROPOLOGIE SOCIALE ET
CULTURELLE
17
Deuxième partie :LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES SOEURS 20
CHAPITRE I: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES ANHTOPOLOGIQUES 22
CHAPITRE II: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES GEO-HISTORIQUES ET
ECONOMIQUES
29
Troisième partie : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES GERMINES 35
CHAPITRE I: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES PSYCHO-SOCIALES 36
CHAPITRE II: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES PSYCHO-JURIDIQUES ET
SYMBOLIQUE
42
CONCULUSION 49
BIBLIOGRAPHIE 52
Tables des matières 57
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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AVANT-PROPOS
Le discours sur la socio-anthropologie est jeune, mais revendique de pertinentes
assises épistémologiques qui méritent d’être clarifiées et des fondements méthodologiques à
préciser. L’intérêt et l’enjeu de la socio-anthropologie comme discipline scientifique autonome
est à saisir dans l’originalité de sa problématique, du matériel enrichirie par des concepts
novateurs qui revouvelle son projet.
Ce discours prend la posture d’un appel heuristique, une interpellation
épistémologique et méthodologique aux théoriciens, aux praticiens, aux professionnels et aux
étudiants en sciences sociales en général et à tout débutant dans l’étude de la discipline
anthropologique.
Ce cours, tenu en 37 heures de temps présentiel dont 17 heures de Cours magistral
(CM) et de 20 heures de Travaux Dirigés (TD), nous permettra de mettre tour en rapport en
examen, en perpective, en problématique et en question l’anthropologie sociale et culturelle
ici appelée socio-anthropologie avec les autres sciences sociales. Ce cours se veut une mise
en lumière épistémologique et méthdologique de la marche de la première avec les
secondes.
L’objectif général de ce cours est d’exposer la problématique de la l’anthropologie
sociale et culturelle en correlation avec celles des autres sciences sociales aux étudiants en
licence 1 d’études anthropologiques.
Les objectifs spécifiques sont :
- De définir conjointement l’anthropologie sociale et culturelle et les
autres sciences sociales ;
- Mettre en rapport l’objet de la l’anthropologie sociale et culturelle
avec ceux des autres sciences sociales;
- Comparer la démarche et les techniques usitées en anthropologie
sociale et culturelle à celles des autres sciences sociales ;.
- Dégager des perspectives à la fois heuristiques et utilitaires.
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INTRODUCTION
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Toute discipline scientifique, en tant qu’ensemble cohérent de connaissances relatives
à certaines catégories de faits, d'objets ou de phénomènes obéissant à des lois et vérifiées par
les méthodes expérimentales, se caractérise par son objet d’étude sa méthode et son utilité.
L’objet s’éclate en objet empirique (champ d’étude ou de recherche) objet théorique
(problématique qui est ici l’ensemble des questions originale auxquelles cette discipline se
propose de répondre. La méthode s’éclate aussi en méthodes de terrain ou de laboratoire (ou
techniques d’investigation) et en méthodes d’analyse (méthodes exploitation des données
recueillies sur le terrain ou en laboratoire). L’utilité également s’éclate en utilité pratique
(portée socio-économique, métiers auxquels est appelle, fonction et rôle dans la société) et
l’utilité théorique (la production de matrices heuristiques entre autres les concepts, des
modèles, les théories, les méthodes, les techniques, les procédés, les modes opératoires, le
lexique, le langage).
Les sciences sont donc des disciplines ayant pour objet, l'étude des faits, des relations
vérifiables. L’on oppose les sciences dites pures c’est-à-dire la recherche fondamentale aux
sciences science appliquée ; sciences dures ou sciences dites exactes (la physique, la chimie,
les mathématiques, la biologie, les sciences de la Terre) qui utilisent le calcul et
l'expérimentation, par opposition aux sciences molles ou sciences sociales et humaines
(l'anthropologie, l'archéologie, la sociologie, les sciences politiques, l'économie ou la science
économique, l'histoire et l'historiographie, le droit ou la science juridique, la psychologie, la
criminologie et la psychologie sociale, l’écologie humaine, éthologie humaine, la paléontologie
etc..) qui étudient l'origine et l'évolution de la société humaine, les institutions et les rapports
sociaux ainsi que les principes qui sont au fondement de la vie sociale. Les sciences sociales
appartiennent donc à une grande famille de discipline qui entretiennent naturellement des
rapports éminemment épistémologiques (l’objet d’étude), méthodologiques (méthodes et
techniques) et heuristiques (théories et concepts favorisant la recherche). Telle est ici notre
préoccupation en ce qui concerne le rapport de la socio-anthropologie, ou plus exactement
l’anthropologie sociale et culturelle et les autres sciences sociales. Qu’entend–t-on par
socio-anthropologie quand sait que ce terme prête à confusion ? Quels sont dans ce cas, la
nature et le niveau des rapports de la socio-anthropologie avec les autres sciences sociales?
Le terme de socio-anthrpologie se compose du préfixe « socio » rappelant l’expression
« social » et du surfixe anthropologie. Le terme « social » est relatif à une société, à une
collectivité humaine, ce qui concerne les rapports entre un individu et les autres membres de la
collectivité ; ce qui se rapporte aux relations entre les divers groupes ou classes formant la
société ; ce qui est relatif aux membres de la société, leurs conditions économiques,
psychologiques.
Quant au terme de l'anthropologie, il vient de deux mots grecs, anthrôpos qui signifie
être humain et logos qui signifie l'étude. L'anthropologie est la branche des sciences qui
étudie les êtres humains sous tous leurs aspects, à la fois physiques (anatomie, physiologie,
pathologie, évolution) et culturels (sociaux, psychologiques, géographiques, etc.). Elle tend à
définir l'humanité en faisant une synthèse des différentes sciences humaines et naturelles. La
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socio-anthropologie serait-elle une branche de l’anthropologie ou une discipline à part
entière ?
Au cours de notre étude, après avoir fait la lumière sur le concept de
socio-anthropologie, nous évoquerons, ensuite, quelques principales sciences sociales en
présence ; et enfin, nous tenterons de mettre en évidence les rapports de la
socio-anthropologe et les autres sciences sociales.
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Première partie :
Clarification du concept de
socio-anthropologie
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Le concept de socio-anthropologie prêt à confusion. L’on l’utilise tantôt pour désigner
le champs conjoint de la sociologie et de l’anthropologie ; tantôt pour désigner la discipline
crée par Pierre Bouvier qui se veut une articulation de la sociologie et de l’anthropologie ;
tantôt pour désigner une branche de l’anthropologie anciennement connue sous le terme
d’anthropologie sociales et culturelle par opposition à l’anthropologie physique aujourd’hui
reconnue sous le terme de la bio-anthropologie, à l’archéo-anthropologie et à la
paléo-anthropologie.
Parmi les « militants » de la cause socio-anthropologique, on ne peut vraiment
distinguer ceux qui cherchent une fusion des disciplines et ceux qui revendiquent une double
identité car les positions, à quelques exceptions près, ne sont pas aussi tranchées. L’ouvrage
de Bouvier (2002) ( 1 ) plaide pour une nouvelle formalisation de la sociologie et de
l’anthropologie. Il rappelle opportunément que les durkheimiens sont les premiers à avoir
utilisé les termes de socio-anthropologie ou de l’anthropo-sociologie comme appartenant à
une sociobiologie à leurs yeux critiquable. De nombreux anthropologues, sociologues ou
ethnologues « du proche », surtout des francophones, utilisent, selon Bouvier, la
« sémantique de ce nouveau champ ». Sa recension va des chercheurs spécialisés dans le
domaine religieux, de la vie quotidienne, du développement,(2) des organisations ou des
innovations à des démographes comme Le Bras. Bouvier consacre – c’est suffisamment rare
pour être souligné – tout un chapitre (3) à la méthode.
Pierre Bouvier disait en outre : « Pour pouvoir analyser et comprendre les
transformations, les perdurances et l’émergence du contemporain, les outils d’analyse
antérieurs risquent de ne plus être adéquats. La démarche “socio-anthropologique” proposée
appréhende les faits à la source de leur effectuation. Pour mener à bien une telle démarche, il
faut avoir recours à l’interdisciplinarité. Une mise en perspective historique conduit à un
dépassement de frontières hier légitimes mais aujourd’hui trop rigides car adaptées à des faits
antérieurs différents, tant pour des objets que pour des modes d’investigation. Ce croisement
aux marges créatrices de la sociologie et de l’anthropologie permet d’appréhender la
configuration des nouvelles pratiques individuelles et collectives, d’en analyser les valeurs et
les représentations, de dégager des “construits pratico-heuristiques”, des “ensembles
populationnels cohérents” et le savoir “endoréique” des acteurs. Une telle approche devrait
être à même d’analyser les processus contradictoires tels que, par exemple, ceux de la
mondialisation et de la fragmentation des sociétés développées ou de retour des identités
nationalitaires. »
1 Bouvier P. 2002, Perspective pour une socio-anthropologie du travail, Sociétés n° 2, 1984 ; La
socio-anthropologie, Armand Colin.
2 Bouvier P. 2002, op… cit..,
3Balandier G. (1967) Anthropologie politique, PUF, 1984 ; (1974) Anthropo-logiques, PUF-L.G.F.,
1985
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Dans cette rencontre et de cet abrasement interdisciplinaire émergent des éléments
constitutifs de la socio-anthropologie : construits pratico-heuristiques, ensembles
populationnels cohérents, endoréisme et autoscopie, autant de notions participant aux
lectures renouvelées du contemporain. Ces concepts permettent d’accéder au plus près
des quotidiennetés, dans leurs expressions essentielles, décapées des corsets théoriques qui
déterminaient antérieurement leurs postures. Le construit pratico-heuristique, échange
signifiant entre individualités, peut s’ouvrir vers un ensemble populationnel. Celui-ci
argumente sa cohérence de la nature heuristique de ses contacts fondateurs.
CHAPITRE I : LA SOCIO-ANTROPOLOGIE COMME CHAMP CONJOINT DE
LA SOCIOLOGE ET L’ANTHRPOLOGIE
La sociologie et l'anthropologie, si l'une se voulait science du proche (étude des
sociétés modernes) et l'autre du lointain (analyse des sociétés traditionnelles), n'en sont pas
moins, avant toute chose, des sciences de l'homme et de la société.
A. LE CHAMP DE LA SOCIOLOGIE : l’étude de la société et de l’homme
1. la sociologie comme l’étude de la société
La sociologie comme ensemble de connaissances systématisées est une science
récente. Mot créé par Auguste Comte pour désigner la science des sociétés, la sociologie s’est
constituée au 19ème siècle comme science qui cherche à comprendre et à expliquer l'impact du
social sur les groupes humains, les institutions sociales (famille, la justice, etc.) les
représentations (façons de penser, mode vie) et comportements (façons d'agir) humains. Par
société, il faut entendre, le mode de vie propre à l'homme caractérisé par une association
organisée d'individus en vue de l'intérêt général. C’est aussi l’ensemble d'individus vivant en
groupe organisé réunis autours des institutions, des normes (des lois, des règles). La société
est au bout du compte, un groupe social formé de personnes qui se fréquentent, se réunissent,
entretiennent des relations plus ou moins complexe et plus ou moins diversifiées. Ainsi la
sociologie désigne la science « positive » des faits sociaux : une science des « lois » qui, à
l'image des lois de la nature mises en évidence par les sciences physiques ou naturelles,
régissent la société humaine.
2. la sociologie comme l’étude l’homme :
La sociologie se situe dans le champ des sciences sociales. Elle étudie les
comportements humains collectifs. En général, et de manière typique, la sociologie tente
d'expliquer les comportements humains en montrant des déterminations sociales qui ne sont
pas toujours évidentes, et qui se placent au-delà de la portée des individus en tant que tels.
Les phénomènes collectifs peuvent avoir une logique propre : ils ne sont donc pas le pur reflet
d'actions et de choix individuels. Un exemple classique de ce genre de logique sont les
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phénomènes de foule : des phénomènes composés, bien entendu, d'actions et de
comportements individuels, mais dont la dynamique dépasse les décisions individuelles qui en
sont à l'origine.
B. LE CHAMP DE L’ANTHROPOLOGIE : l’étude de l’homme
1. L’anthropologie comme l’étude l’homme :
L’anthropologie est l’étude des caractéristiques anatomiques, biologiques, culturelles
et sociales des êtres humains. L’objet général de l’anthropologie est de faire de l’Homme et de
toutes les dimensions de la vie humaine l’objet d’un savoir positif. Cette science est divisée en
quatre branches principales : l’anthropologie physique ou anthropologie biologique , qui étudie
l’évolution biologique et l’évolution physiologique de l’Homme (Homo sapiens) le mode de
transmission, des causes des variations biologiques et de leur évolution chez les groupes
humains; et l’anthropologie sociale et culturelle, qui étudie la vie des sociétés humaines,
présentes et passées, les évolutions de leurs langues, des croyances et des pratiques sociales.,
l’archéo-anthropologie comme l’étude scientifique des cultures et des modes de vie du passé
par l'analyse des vestiges matériels ; et la paléo-anthropologie qui se présente comme
une discipline scientifique étudiant les formes de vie au cours des temps géologiques et se
fondanti, pour ce faire, sur l'analyse des fossiles.
2. L’anthropologie comme l’étude de la société :
La discipline anthropologique est tributaire de sources multiples et variées. En effet
définie, de façon générale, comme la science de l’homme en société, et en particulier comme
la science des diversités culturelles et sociales, l’anthropologie se singularise par la tension
qu’elle maintient entre l’universalisme et le particularisme d’une part et d’autre part par sa
vision comparatiste des sociétés. L'on commença alors à étudier l'être-humain des peuples
« primitifs » vivant dans les colonies européennes. Ainsi l’on opéra la distinction entre « peuple
primitifs » pour désigner les peuples non européens et « peuples civilisés » pour faire
référence aux peuples occidentaux.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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CHAPITRE II : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE COMME ARTICULATION DE
LA SOCIOLOGIE ET DE L’ANTHROPOLOGIE
Le propos de la « socio-anthropologie » est issu d’une réflexion tant sur la crise
sociétale que sur les potentialités de l’interdisciplinarité. C’est un terme que Pierre Bouvier a
proposé en 1983 lors de la formation de nouvelles unités de recherche en sociologie (URES) au
Centre d’Étude Sociologique (CNRS). (4)
L’émergence et la justification de cette analyse tient d’abord aux transformations qui
affectent les sociétés contemporaines. Depuis quelques décennies, on assiste à une remise en
cause des facteurs dominants de la modernité, du moins de ses tendances centrales et plus
précisément de l’assise que constituaient le progrès, le développement et les dynamiques
sociales, sous leurs divers aspects.
Depuis donc sa naissance, la socio-anthropologie pour affirmer son indépendance
scientifique, sa liberté épistémologique, et son autonomie méthodologique, s’est sans relâche
engagé dans des entreprises de recherche ouvertes sur une assez large matrice de
connaissances par la définition de paradigmes nouveaux et des champs heuristiques jamais
explorés, dans une perspective objective, rationnelle et rigoureuse.
Plus que jamais, la socio-anthropologie ne s’arrêtera d’étendre son champ
épistémologique et ses domaines de compétence aux différents domaines de la société où
l’individu s’exprime et le fonctionnement de la structure sociale où il est impliqué.
Partant du travail jusqu’au quotidien, creuset de la socialité, des rituels de la vie en
passant par la guerre, la socio-anthropologie n’a cessé de justifier la pertinence de son projet
de recherche et son utilité. C’est pourquoi, il est nécessaire de clarifier la spécificité de son
projet dans une sphère théorique et pratique de plus en plus diversifiée, très étendue,
complexe et surtout disputée.
La socio-anthropologie, articulation de la sociologie et de l’anthropologie, s’est
chargée de missions de plus en plus pesantes, celle de la saisie de construits
pratico-heuristiques, d’ensembles populationnels cohérents, d’endoréisme et d’autoscopie.
La socio-anthropologie à ne pas confondre avec la sociologie et l’anthropologie,
peut-elle justifier son éruption dans l’univers des sciences sociales par une problématique
nouvelle quand on sait que l’objet empirique qu’est le quotidien comme creuset de la socialité
ne suffit pas pour caractériser ce projet ? Ne parle-t-on pas aujourd’hui de plusieurs sciences
du quotidien: la sociologie du quotidien, l’anthropologie, la psychologie clinique, la psychiatrie,
la psychanalyse ? Quelle ouverture dialectique apporte-elle à la question centrale des sciences
de la quotidienneté? En somme, dispose-t-elle d’un ensemble de questions scientifiques
originales qui interrogent l’intelligibilité du phénomène quotidien ?
C’est pourquoi, pour une question de recherche dont l’intérêt et l’enjeu demeurent la
4 - P. Bouvier, 1995, Socio-anthropologie du contemporain, Paris, Galilée,
-« Perspective pour une socio-anthropologie du travail », CES Information, n°8, 1983, pp.7, 16, 20,
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saisi de la pertinence épistémologique, méthodologique et utilitaire de la socio-anthropologie,
il s’annonce impérieux d’examiner d’abord le croisement à marge créatrice de la sociologie et
de l’anthropologie ensuite, envisager les rapports de cette discipline avec les autres sciences.
Ainsi dans les points qui vont suivre, nous examinerons le contenu de ce que Bouvier appelle
construits pratico-heuristiques, ensembles populationnels cohérents et endoréisme et
autoscopie.
A. LES ENSEMBLES POPULATIONNELS COHERENTS
On entend par ensemble populationnel cohérence l’expression des rites, des
professionnalités et des sociabilités. La lecture des rites permet d'appréhender le code
collectif des interactions entre acteurs. On y retrouve des items comme le tutoiement/
vouvoiement, la pratique de la porte ouverte ou fermée, la norme vestimentaire,
l'attitude face aux horaires, la conduite acceptable en réunion, etc. La vie
quotidienne est rendue possible par ces codes qui, bien sûr, ne sont pas le résultat du
hasard. Ils régulent des interactions disparates, ils leur assurent un présupposé commun,
largement non dit mais qui offre à chacun des points de repères. Pour lutter contre
l'incertitude, les entreprises ont recours aux règles et aux rites. Ainsi, elles tentent de
contrôler les comportements des salariés en instituant des règles internes. Les ensembles
populationnels tiennent compte des facteurs comme l’origine ethnique ou géographique
des salariés, les pratiques symboliques qui les représentent.
Les règles internes seront bonnes si, étant appliquées rationnellement, elles coïncident
avec certaines valeurs implicites. Elles seront alors respectées instinctivement. Les « bonnes »
règles ne doivent pas être trop contraignantes. Quant aux rites, ils ont pour rôle de rendre
tolérables les incertitudes inévitables. Les « bons » rites contribuent à la cohésion sociale
et soulagent la tension, car ils peuvent correspondre aux attentes des personnes
concernées.
B. LES CONSTRUITS PRATICO-HEURISTIQUES :
Dans le cadre de la problématique des rapports des hommes à leurs quotidiennetés, le
concept d'"ensemble populationnel cohérent" forgé par Bouvier (1995, p119) désigne
"l'entité où se constitue, se cristallise et s'argumente le sens collectif". Ce construit
sociologique [4] est, dans sa présentation originaire, lié à l'étude des sociabilités et des
rites du travail. Les permanences enregistrées dans les façons de faire et de penser la
tâche à accomplir et les fonctions assignées aux uns et aux autres se doubleraient, dans le
vocabulaire de Bouvier, de sociabilités et de rituels dits d'"accoutumance", de
"braconnage" (esquives, compensations). Ces ritualisations, produits de construits
"pratico-heuristiques"[5] qui aiguillonneraient la pratique quotidienne, sont présentés
comme des guides d'action et de pensée générant du lien social porteur de sens. À
suivre le socio-anthropologue, ce sens dégagé, ces catégories de jugement et d'action
induisent une "osmose sociale" qui perdure hors des temps et du cadre productifs. Les
savoirs techniques, cognitifs et symboliques ("bloc de référence") souderaient le
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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collectif de travail et façonneraient les temps de l'hors-production. Et c'est sur ce double
registre - solidarité professionnelle au sein de l'entreprise, solidarité maintenue par le
partage des catégories expérientielles et symboliques dans les temps non
professionnels - que se constituerait la cohérence de l'ensemble populationnel (productif).
Cette cohérence, résume Bouvier (1989, p49), "s'appuie sur les tenants
pratico-heuristiques du bloc de référence mais également sur l'interaction entre le
travail et sa périphérie, plus précisément sur ce en quoi l'hors-production relève
toujours du travail et de sa quotidienneté".
Pour Bouvier, la portée heuristique du concept d'ensemble populationnel se prolonge
au-delà même du domaine du "productif" et des temps sociaux de non-travail polis
par la temporalité professionnelle.
La surprise et l'effroi qui accompagnent les retours de la "barbarie nationaliste" et du
"fanatisme religieux" pré-moderne sous les feux de l'actualité s'expliqueraient finalement
assez aisément par le manque d'intérêt (et donc la méconnaissance) manifesté par les
analystes du social pour ces ensembles populationnels en période dite de faible activité. Au
vrai, procéder uniquement à l'analyse de mouvements prétendument vecteurs d'une
dynamique sociale ou garants d'une visibilité médiatique forte conférerait au réductionnisme et
à la cécité scientifiques[6]. Les quelques exemples mentionnés ci-dessus, extraits de l'actualité
tragique, en offriraient une parfaite illustration. Subséquemment, les "connotations effectives,
sourdes, endoréiques" (Bouvier, 1995, p132), les sociabilités tenues et opaques de l'entre-soi
des mouvements millénaristes et des sectes seraient également inétudiées aussi longtemps
que le passage à l'action criminelle (secte Aoun au Japon) ou suicidaire (adeptes de l'Ordre du
Temple Solaire) ne serait pas avéré.
La vie quotidienne "ordinaire" est, elle aussi, riche de sens collectif qu'un regard cursif
ignorerait trop facilement. L'intérêt de la démarche socio-anthropologique serait alors
d'interroger ces activités quotidiennes que les acteurs eux-mêmes présentent
comme dépourvues de sens, sous peine d'être moqués ou découverts dans leur
être profond. Au-delà de l'exutoire ou du simple défouloir, ces pratiques auraient une vertu
structurante: elles tresseraient le sens collectif et individuel. Bouvier (1995, p133) synthétise
ce propos en notant qu'il est temps "d'affirmer et de poursuivre au plus près une
problématique: celle des pratiques et des représentations endoréiques constitutives de
la perdurance ou de l'émergence d'ensembles significatifs au sein même de l'hétéronomie".
Il est aujourd’hui communément admis que les pratiques et représentations
sociales traditionnelles ont subi une crise profonde. Cette dernière trouve ses
fondements dans les transformations économiques et les profondes mutations technologiques
survenues depuis le début des années soixante-dix, mais aussi dans une remise en cause des
lectures théoriques de ces phénomènes.
Dans ce contexte, le socio-anthropologue s’attribue une tâche particulière : dévoiler,
décrire et expliquer la manière dont peut s’élaborer des construits qui prennent sens autour
de pratiques et de représentations communes au sein même de la modernité. Ces construits
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sociaux seront interrogés en termes de pratique mais aussi et surtout en tant que
représentation. Afin de dégager et cerner ces objets d’étude, de nouveaux outils
conceptuels nous permettent d’intégrer les formes multiples du travail dans sa quotidienneté :
le construit pratico-heuristique.
C. L’ENDOREISME ET L’AUTOSCOPIE
1. Endoréisme
Le terme vient du grec ancien : « endo », « dans », et « rhein », « couler ».
L’endoréisme est un terme d'hydrologie qui caractérise des régions où l'écoulement des eaux
(superficielles ou non) n'atteint pas la mer et se perd dans les dépressions fermées. Toute
pluie ou autre forme de précipitation qui tombe sur un bassin endoréique ne peut le quitter
qu'en s'évaporant.
Ce terme hydrologique a été importé et transposé en socio-anthropologie en revêtant
des significations dans l’imaginaire symbolique du quotidien. A l’image des marigots qui
persistent alors que les torrents, les rivières ou les lacs se sont estompés du paysage, comme
disparus à jamais dans le sol, dans l’oubli, les cultures vont essayer de retisser leurs
constituants. Ces trous d’eau occupent une place importante dans les représentations
symboliques.
L’inaptitude, le déroulement de carrière, la diversité des pratiques
professionnelles, les formes d’alternative à la conduite interrogent en profondeur
les représentations traditionnelles du métier, ses constructions identitaires. Ces
thèmes identifiés dans la diachronie concourent de manière émergente à refaçonner les
contours de la professionnalité, à dessiner de nouveaux « construits
pratico-heuristiques » qui trouvent pourtant difficilement à se stabiliser. De
nouvelles pratiques et représentations restent dans une dimension flottante, endoréïque,
prises dans les représentations anciennes, retenues par la crainte qu’inspire l’avenir.
Représentations dominantes et effets structurels contribuent à rendre indécise cette
émergence. Le désir de faire une « pause » en exerçant d’autres fonctions, la « fuite » vers
d’autres métiers que représente l’inaptitude expriment simultanément une demande de
diversification des tâches au sein d’un collectif de travail élargi et un désenchantement
devant l’absence d’une perspective de carrière valorisante.
Le sociologique, relativement occulté par l’exotisme (une attitude culturelle de goût
pour l'étranger) ou le passéisme (attachement excessif aux valeurs du passé) intéressés des
observateurs et des curieux, prend ses marques, s’énonce. Peu à peu, en assumant les
contraintes de leurs propres lois et celles de l’hétérogénéité, ces populations, ces ensembles
populationnels aux références plus que spécifiques vont réussir à relier l’anthropos
fondamental à de nouvelles formes sociologique de résurgences, tendant ainsi vers une
totalité socio-anthropologique. Les années 1960-1970 sont une étape essentielle dans ce qui
ira au-delà des affleurements (quand les roches du sous-sol ne sont pas recouverte par
le sol, la végétation ou des constructions) endoréiques.
La socio-anthropologie doit composer avec les pesanteurs non seulement
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macro-sociales, institutionnelles mais également insidieusement quotidiennes. Il
n’en réussit pas moins, en conjuguant l’anthropologique, qui lui est reconnu, avec des données
et des valeurs techniques qu’on lui suppose moins accessibles, à réinscrire de façon visible des
ensembles populationnels un temps supposés, sinon « éradiqués », du moins moribonds.
2. Autoscopie
L'autoscopie consiste à utiliser une caméra et un magnétoscope pour enregistrer une
prestation orale qui sera analysée collectivement par le participant, par le groupe et par le
formateur.
Reprenant à son compte les conseils de Mauss (1947), Pierre Bouvier précise que la
socio-anthropologie requiert l’absence de grille d’interprétation conçue au préalable : la
démarche doit être inductive, ouverte à l’imprévu, à l’instar des protocoles souvent
souples de l’Ecole de Chicago. Ainsi, après avoir rappelé que la méthode comparative, qui
avait des origines colonialistes, est devenue impraticable telle quelle du fait des
« contextes métissés du contemporain », Bouvier (2000) en vient à ce qu’il nomme
« l’autoscopie de Soi et des Autres ». Il s’agit de tenter de comprendre comment les
individus et les populations s’auto-identifient. Ce « regard porté sur soi-même » doit
abolir la distance ethnocentrique par laquelle l’observateur travestit souvent la culture de
l’observé. C’est non seulement le journal du chercheur mais aussi toutes les productions par
lesquelles l’agent s’exprime en l’absence de l’observateur : écrits (lettres, poèmes,
manuscrits divers, etc.) objets construits, créations artistiques ; une sorte d’archéologie du
présent.
L’autoscopie peut également être collective : tracts, journaux, productions diverses,
ce que Bouvier nomme des « ensembles populationnels cohérents ». » (Juan, 2005, p. 63)
Nous distinguons plusieurs niveaux dans l’autoscopie : le regard porté sur
soi-même, le sujet disant son moi, les sujets exprimant leur nous en
« spontanéité ». Ceci n’occulte en aucune façon le fait que ces expressions libres de la
présence et des impositions de l’observateur n’en sont pas moins construites, charpentées,
référenciées et multivoques. Dans le cas de l’autoscopie individuelle, celle où nous
sommes en présence d’un sujet disant/se disant dans le cadre soit d’un dialogue
extérieur ou non formalisé par le chercheur ou d’un monologue, les formes que
peuvent prendre ces expressions sont multiples. Il peut s’agir d’un échange verbal avec un
autre, d’une déclamation orale, d’une transcription écrite adressée à soi-même ou à autrui, de
l’expression artistique (musique, arts plastiques ou bricolage...), d’expressions brutes sans
interlocuteurs qu’elles soient orales, gestuelles ou écrites. Le journal ou carnet intime en
est une facette. Il s’adresse à soi-même pour soi-même. Il dit brutalement, radicalement, à la
racine. Ces expressions, elles peuvent faire l’objet ou être porteuses du projet d’une reflexion
sur leurs réalités, sur leurs significations par celui qui les énonce. L’autoscopie devient
intransitive, réflexive. Elle dévoile à soi-même le signifié de ses propres propos. Une
auto-analyse se met en place. L’ethnologue M. Leiris en a montré les potentialités en
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
16
particulier dans « l’Age d’homme». (5)
Pour appréhender dans sa complexité les valeurs, usages, représentations d’une
concrétion sociale, on privilégiera les abords sociologiques et anthropologiques en visant à
dépasser certaines limites ou à enrichir certaines de leurs capacités. En complément des
modalités connues et reconnues que sont les méthodes de l’observation, de l’entretien sinon
du questionnaire et ce dans une perspective qualitative, on s’attachera à des éléments
relativement peu travaillés : ceux que nous nommons les « autoscopies ».
La démarche socio-anthropologique implique une attention portée tant aux variables
fortes, qui ressortent du sociologique qu’aux labilités, plus anthropologiques, des expressions
des acteurs même. Ce que nous nommons l’autoscopie relève de cette seconde proposition. Il
s’agit de tenter de percevoir la manière dont les individus et les populations se disent
eux-mêmes en évitant, autant faire se peut, les biais qu’implique l’observation. Cet écueil a été,
à l’évidence, identifié et reconnu : ainsi, sous l’angle sociologique, des précautions et des choix
effectués par les approches compréhensives, interactionnistes ou ethnométhodologiques. Ces
diverses attitudes questionnent l’interférence de l’observateur dans le recueil des données,
dans leur traitement et essaient de lui apporter des réponses.
De même en anthropologie, il aura fallu attendre ces dernières décennies pour que
des chercheurs de cette discipline interpellent la manière dont, à des exceptions près, les
enquêtes étaient menées. Certains avaient cependant su percevoir les illusions de
transcriptions qui se voulaient lisses et rationnelles de l’altérité ; ainsi, en particulier, des
précautions de De Gérando, de propos du « Journal d’ethnographe » de Malinowski ou de celui
de Leiris « l’Afrique fantôme »... Plus récemment l’influence du post-modernisme a suscité
l’émergence d’une anthropologie (Geertz, Clifford...) s’attaquant aux assertions « scientistes »
de nombre de leurs prédécesseurs dont en particulier les structuralistes. Les prises de position
de ce courant ne sont pas dépourvues d’excès. Cette approche tendra à ne plus relever du
domaine de la connaissance anthropologique où elle le fera d’une manière si évasive qu’elle
pourra être assimilé à un impressionnisme psychologisant ou à une herméneutique, une
sémiologie privilégiant non plus le dialogique mais le monologique, le textuel, le biographique
du chercheur. Pour nous il s’agit de considérer les critiques adressées à la tradition du
positivisme descriptif puis analytique et de rendre compte du faire et du dire transitif des
intéressés sans tomber dans des outrances phénoménologiques ni occulter la posture propre
au chercheur.
5M. Leiris, L’Age d’homme, Paris, Gallimard, 1946.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
17
CHAPITRE III : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE COMME ANTHROPOLOGIE
SOCIALE ET CULTURELLE
Il existe diverses traditions anthropologiques antiques, puis modernes (allemande,
anglo-saxonne, française, etc). Les plus importantes sont actuellement l’anthropologie sociale
britannique (J.G. Frazer, Bronislaw Malinowski, A.R. Radcliffe-Brown, E.E. Evans-Pritchard) et
l’anthropologie culturelle américaine (L.H. Morgan, Franz Boas, Marvin Harris, Clifford Geertz,
Margaret Mead, Ruth Benedict). L'anthropologie américaine attache beaucoup d'importance
aux aspects culturels des langues et des modes de pensée et d'action.
L'ethnologie ou anthropologie sociale et culturelle, l’anthropologie sociale (surtout en
Europe) s’intéresse entre autres à l’étude de la parenté, de la politique et de l’organisation
sociale tandis que l’anthropologie culturelle (surtout aux États-Unis) étudie les moeurs, la
religion et les autres aspects symboliques des sociétés humaines.
A. L’ETHNOLOGIE
L'ethnologie (ou anthropologie sociale et culturelle) est une science humaine qui relève
de l'anthropologie, et dont l'objet est l'étude explicative et comparative de l'ensemble des
caractères sociaux et culturels des groupes humains « les plus manifestes comme les moins
avouées » (6). À l'aide de lexique, concepts, techniques, modèles, de mode opératoire, de
méthodes et de théories qui lui sont propres, elle tente de parvenir à la formulation de la
structure, du fonctionnement et de l'évolution des sociétés.
L’ethnologie est relativement récente, même s’il est convenu d’en attribuer la paternité,
pour certains auteurs, au précuseur de l’histoire comme discipline, Hérodote
(v. 484-v. 425 av. J.-C.) pour d’autres au suisse Chavannes (en 1787).
Hérodote définissait l’ethnologie comme une enquête sur les peuples du monde connu
de son époque, et accordait une grande place au témoignage et à l’observation du voyageur.
Cependant, cette paternité est très contestée : peut-on parler d’ethnologie quand il n’y a là
qu’un travail descriptif sur les peuples et l’élaboration d’un système de jugement ?
Chavannes pour sa part, dans son Essai sur l’éducation intellectuelle avec le projet
d’une science nouvelle. L'ethnologie s'est séparée de la littérature et de l'exotisme vers la fin
du 18ème siècle avec la fin de l'étranger analysé d'un point de vue encore trop
« ethnocentrique ». C'est aussi lors des colonisations et occupations européennes que les
sciences ethnologiques se différencient de littérature exotique. Synonyme au début du 19ème
siècle de « science de la classification des races », ce terme a marqué, durant toute la
première moitié du 20ème siècle, et désigne parfois encore l’ensemble des sciences sociales qui
étudient les sociétés dites " primitives " et l’homme fossile.
Les premiers ethnologues ont ainsi fructifié à partir des documents rapportés par les
explorateurs, ou des officiers militaires, ou encore les négociants, et encore des missionnaires ;
mais il a tendance à être substitué par le mot anthropologie, appellation d’origine britannique
6SERVIER, Jean, Méthode de l’ethnologie, PUF, coll Que sais-je ? , 1986, p 3
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
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en France ( 7 ), science dont l’ethnologie constituerait une partie ou une étape. Et c’est
Lévi-Strauss qui, fut un des introducteurs de ce mot et du concept dans la tradition
intellectuelle française.
Toutefois, dans son sens (restreint) actuel, l’ethnologie enveloppe exclusivement les
études synthétiques et les conclusions théoriques, élaborées à partir des documents
ethnographiques et orientées plus particulièrement vers les problèmes de diffusion, de
contacts, d’origine, de reconstitution du passé. C’est ce sens que les anglais attribuent depuis
longtemps au mot ethnology. L’étude des problèmes plus généraux constituerait le champ de
l’anthropologie sociale et de l’anthropologie culturelle.
À ce sujet, l'usage est de se référencer à la définition de Claude Lévi-Strauss. On
pourrait la résumer de la façon suivante : l'ethnographie est une phase de recueil de données
principalement, en tant qu'outil de l'ethnologie, elle entretient avec elle le même rapport que la
fouille archéologique avec l'archéologie. L'ethnographie fait partie de l'ethnologie, et
l'ethnologie de l'anthropologie.
Alors on peut dire que l'ethnologie théorise les descriptions de l'ethnographie dont
l'unité d'étude est l'ethnie, groupe humain caractérisé par sa langue et sa culture. Ces deux
sciences font en définitive partie de l'anthropologie.
B. L’ANTHROPOLOGIE SOCIALE
Élaborée en Angleterre sous l’impulsion de Radcliffe-Brown et de Malinowski,
l’anthropologie sociale est surtout orientée dans l’étude des structures sociales et des
institutions afin de déterminer leur place et leur fonction dans la société. Elle est née selon
C.Lévi-Strauss de la prise de conscience que tous les aspects de la vie sociale constituent un
tout, un ensemble dont il est impossible de comprendre les parties sans les remplacer dans
leur contexte général. C’est un discours qui exprime la société dans son idéal, exalte la
cohésion, le consensus mais occulte les inégalités, les rapports d’exploitation, les phénomènes
de domination politique, des discordances, etc. Il apparaît donc nécessaire à l’anthropologie
d’étudier ce sur quoi se fondent les représentations sociales, ce qui les légitime. C’est à ce va
se consacrer l’anthropologie sociale.
En partant de ce principe, l’anthropologie ne se contentera plus du discours des
acteurs sur la société. Dans cette perspective, il appartient à l’anthropologie d’aller au-delà de
la représentation que se font les individus de leur société (car souvent ils ignorent les objectifs
sociologiques). C’est à l’anthropologie de découvrir les lois de fonctionnement de la société.
L’anthropologie sociale a été parfois présentée comme une branche de la sociologie à
cause des similitudes de leur approche. Mais elle a une soeur jumelle beaucoup plus proche :
l’anthropologie culturelle.
7« Anthropologie », Dictionnaires des sciences humaines, ibid , p21.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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C. L’ANTHROPOLOGIE CULTURELLE
Développée et animée aux Etats-Unis par des auteurs dont les plus éminents sont Boas,
Kroeber, Benedict, Kardiner, la naissance de l’anthropologie culturelle marque
l’affranchissement de l’anthropologie vis-à-vis de la sociologie qui par conséquent devient une
discipline autonome. En effet, elle introduit un changement de perspective en portant son
intérêt sur les comportements des individus au détriment du fonctionnement des
institutions. L’hypothèse qui soutient cette orientation est que le comportement social est un
révélateur de la culture d’appartenance : les manières de parler, d’exprimer sa douleur, de
travailler, d’aimer ou de détester, etc. varient d’une société à l’autre et donnent à chacune
d’elle son originalité. Quant à la culture, elle peut être considérée comme « l’ensemble des
comportements, savoirs et savoir faire d’un groupe humain ou d’une société donnée, acquises
par un processus d’apprentissage et transmises à l’ensemble de ses membres » (Laplantine
1995 p.116). Le rôle de l’anthropologie consiste donc d’une part à étudier les traits distinctifs
et les conduites spécifiques à chaque culture et d’autre part à comprendre les processus
d’acquisition et de transmission des cultures.
De nos jours, l’opposition entre l’anthropologie sociale et l’anthropologie culturelle tend
à s’estomper au profit d’une anthropologie en tant que science des sociétés et des cultures
humaines.
L’expression « sociétés et cultures humaines » peut paraître tautologique à cause de la
certitude que la vie sociale et la vie culturelle sont l’apanage de l’être humain. Ce qui est faux.
Il est depuis longtemps qu’il existe des sociétés animales et même des formes de sociabilité
animale (antagoniste ou communautaire), certaines sont régies par une organisation
complexe et hiérarchique. En effet, beaucoup d’espèces animales et même végétales vivent en
société et certaines sociétés sont régies par une organisation interne hiérarchique y compris
sur le plan du travail. De plus, si on entend par culture, la possibilité d’une variation des
comportements non biologiquement fondée, sa restriction aux seules sociétés humaines est
arbitraire.
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
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Deuxième partie :
LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE
ET LES SCIENCES SOEURS
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
21
Les sciences humaines et sociales sont un ensemble de disciplines scientifiques
étudiant les aspects sociaux des diverses réalités humaines. Selon les définitions simplifiées
des dictionnaires, les sciences humaines ont pour objet d'étude ce qui concerne les cultures
humaines ; l’histoire des hommes, leurs réalisations, leurs modes de vie et leurs
comportements individuels et sociaux, tandis que les sciences sociales auraient pour objet
d'étude les sociétés humaines, entités distinctes regroupant les humains pour des motifs
divers. Les sciences humaines et sociales s'opposent ainsi aux sciences de la nature de
l'environnement. Celles-ci reconduisant ainsi, d'une certaine façon, l'opposition à l'âge
classique entre la philosophie naturelle et la philosophie morale (qui incluait aussi la sociologie,
la politique, l'économique, etc.). L'expression anglaise de « science sociale » fait sa première
apparition en 1824 dans le livre de William Thompson : An Inquiry into the Principles of the
Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed
System of Voluntary Equality of Wealth.
On met donc en contraste les sciences sociales et huamine avec les sciences naturelles,
et souvent aussi avec les sciences dites « exactes », en raison de leur statut épistémologique
spécifique (bien que nulle science ne soit exempte de scepticisme et véritablement « exacte »
au sens de la seule réalité, et bien que les sciences qui ne soient liées qu'à l'immatérialité dont
la linguistique et la philosophie du langage aient pu faire l'objet de tentatives formalistes).
. Le problème principal, et commun, qu'ont à affronter les sciences dites sociales ou/et
humaines est celui de la méthode à suivre afin d'atteindre une objectivité relative à l'espèce
humaine. L'objet d'étude coïncide en effet avec la culture du sujet qui l'analyse. Ce problème
se confond donc avec de nombreux débats en épistémologie concernant le critère de
scientificité et d'objectivité, à supposer qu'on puisse identifier les deux ( 8 )( 9 ). Cette
objectivité des sciences humaines et sociales est structurée autour de plusieurs
principes fondamentaux: la neutralité axiologique, théorisée par Max Weber; la
distinction faits-valeurs et le vérificationnisme, théorisés par le Cercle de Vienne et
formulées précisément par Alfred Ayer et Carnap. Karl Popper s'est ensuite substitué au critère
de réfutabilité, qui demeure en débat aujourd'hui.
8Hilary Putnam la fin d'un dogme (2002, trad. 2004)
9Antoine Corriveau-Dussault (Université Laval), Putnam et la critique de la dichotomie fait/valeur,
Phares, vol. 7, 2007.
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Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
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CHAPITRE I: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES
ANHTOPOLOGIQUES
L'anthropologie dans son étude de l'Homme s'intéresse à sa diversité biologique et à sa
diversité culturelle d'un point de vue synchronique (dans l’espace, la géographie,
contemporain) et diachronique (à travers le temps, l’évolution historique). Ainsi, cette
discipline est formée de quatre parties ou sous-disciplines.
étude de la diversité
culturelle
étude de la diversité biologique
L’anthropologie du
vivant
ethnologie (anthropologie
sociale et culturelle)
bioanthropologie (anthropologie
physique ou biologique)
L’anthropologie du
mort
archéologie paléoanthropologie
A.LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA BIO-ANTHROPOLOGIE
1. Le rapport épistémologique
L’anthropologie sociales et culturelle encore appelée ethnologie, et abusivement
appélée socio-anthropologie, nous le rappelons est une branche de l’anthropologie, qui a pour
objet d’étude les relations entre les hommes dans une société donnée, et a pour but une
meilleure connaissance des sociétés et des cultures.
Quant à la bio-anthropologie encore appelée anthropologie biologique et
anciennement appelée anthropologie physique, est un sous-domaine de l'anthropologie qui est
plus spécifiquement concernées par l'étude de l'évolution de l'hominidé [homme focile, dans
son acception première ; aussi, dans le vocabulaire associé à l’évolution de l’homme, ce
vocable désigne-t-il généralement les seuls représentants de la lignée humaine depuis sa
séparation d’avec celle du chimpanzé (ce qui correspond, dans le langage taxinomique, à la
tribu des hominines)] lignée et l'exploration du comportement des hominidés anciens. Elle a
longtemps porté les charges de l’étude du mode de transmission, des causes des variations
biologiques et de leur évolution chez les groupes humains.
2. Le rapport méthodologique
Comme étude de l’organisation sociale d’un groupe grâce à des observations sur le
terrain, l’anthropologie sociales et culturelle ou ethnologie, ou encore socio-anthropologie,
recourt à l’observation, au fonctionnalisme, au structuralisme, au structuro-fonctionnalisme au
systémisme (en tant qu’étude de tous les systèmes interdépendants qui organisent les
relations sociales entre les hommes d’une même société), le matérialisme dialectique (se
fondant, en particulier, sur l’unité de la structure linguistique, économique et sociale d’une
société par rapport à sa propre histoire) comme méthode d’approche de son objet.
La bio-anthropologie, pour sa part, en tant que cadre disciplinaire idéal de l’étude
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
23
génétique et physiologique des archives fossiles et des populations modernes afin d'en
apprendre davantage sur les processus d’évolution et d'adaptation des espèces humaine,
recourt à la méthode historique et génétique. Le rôle croissant de la connaissance,
l’interrogation sur l’origine et l’évolution de l’espèce humaine ont conféré à la discipline
bio-anthropologique des tâches aussi diversifiées que complexes dont celle de comparer, dans
une approche biologique, des espèces humaines, des primates et des autres espèces animales.
C’est donc une science qui recourt à la comparaison et à la typologie comme méthode de
différentiation de l'hominidé lignée et des hominidés anciens.
En definitive, la socio-anthropologie et la bio-anthropologie qui sont toute deux des
discplines anthropologiques du vivant, bien plus, des partenaires complémentaires d’une
interdisciplinarité intra-anthropologique.
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SOCIOLOGIE
Mot créé par Auguste Comte pour désigner la science des sociétés, la sociologie s’est
constituée au 19ème siècle comme science qui cherche à comprendre et à expliquer l'impact du
social sur les groupes humains, les institutions sociales (famille, la justice, etc.) les
représentations (façons de penser, mode vie) et comportements (façons d'agir) humains. Pour
se constituer en science autonome, la sociologie à dû justifier premièrement de sa pertinence
épistémologique bâtie autour d’un objet propre d’étude et d’une problématique singulière
deuxièmement de sa rigueur méthodologique et troisièmement de sont utilité théorique et
pratique.
1. Rapport épistémologique
Tout ce que postule la sociologie, c’est simplement que les faits que l’on appelle
sociaux sont dans la nature, c’est-à-dire sont soumis au principe de l’ordre et du déterminisme
universels, par suite intelligibles. Les diverses théories sociologiques rendent compte des
phénomènes sociaux humains sous plusieurs angles. Elles mettent parfois plutôt l'accent sur
l'impact de la société sur le phénomène étudié (effet des catégories Socio-Professieonnelles,
du sexe, etc.), s'intéressent parfois plus aux motivations des acteurs considérés comme
relativement rationnels ou encore aux interactions entre individus.
La sociologie reste une science des sociétés, du social en général. Mais elle se situe
dans la perspective, principalement, des sociétés modernes, ces sociétés occidentales en voie
d’industrialisation et d’urbanisation, en même temps que de laïcisation et de rationalisation, de
démocratisation et de nationalisation, de bureaucratisation et de "scientification"..., de
mondialisation et de globalisation, de tous ces processus, générateurs de changements
permanents, constitutifs de ce qu’il est convenu d’appeler la modernité. Cette situation établit
le lien éminemment épistémologique qu’elle n’a cessé d’entretenir avec la socio-anthropologie.
Ainsi, la sociologie se positionne comme la science de la modernité, du contemporain ou
encore de la vie quotidienne comme la socio-anthropologie. L’évolution ultérieure de la
sociologie n’a fait que confirmer cet état de fait, surtout à travers ce qu’il convenu d’appeler
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
24
sociologie de la vie quotidienne.
La sociologie et l'anthropologie sociale et culturelle (socio-anthropologie), si l'une se
voulait science du proche (étude des sociétés modernes) et l'autre du lointain (analyse des
sociétés traditionnelles), n'en sont pas moins, avant toute chose, des sciences de l'homme et
de la société. L'histoire les a pourtant longtemps tenues cloisonnées. Le temps est venu,
estime Pierre Bouvier, de mixer ces deux disciplines afin d'observer avec un regard neuf les
transformations de notre monde contemporain. La sociologie et l’anthropologie (sociale et
culturelle) se voient particulièrement convoqués à renouveler sans cesse leurs réflexions
heuristiques articulées autours de leurs constructions épistémologiques et de leurs
méthodologies. Il s’agit d’appréhender les données actuelles de la production des rapports
sociaux parfois caustique et évanescent, dont les ordonnancements micro- et macrosociaux ne
peuvent plus se penser dans les échelles différentes et en isolant leurs histoire.
La sociologie et la socio-anthropologie cherchent à comprendre les changements qui
accompagnent la modernisation des sociétés et des cultures : internationalisation,
mondialisation, globalisation, flexibilisation du travail, transformation des familles, médias,
montée de l’individualisme.
2. Le rapport méthodologique
La sociologie et l'anthropologie sociale et culturelle (socio-anthropologie) se
questionnent sur les réalités sociales et culturelles grâce à une méthodologie rigoureuse et
fondée sur une longue tradition de débats scientifiques.
Il ne s’agit pourtant pas de se limiter à composer une collection d’observations
détachées de leur réalité, mais de chercher à intervenir de manière efficace et légitime dans la
société et la culture contemporaines.
La socio-anthropologie, démarche originale à la croisée interdisciplinaire, articulation
épistémologique et méthodologie de la sociologie et de l’anthropologie, aborde les questions
de déstructurations et les recompositions qui sont au coeur du tournant heuristique de ce
millénaire. Les perspectives et les résultats qu'elle propose permettent de mieux saisir le passé
afin de mieux comprendre le présent dans ses continuités et ses mutations, et entrevoir le
futur à travers ses défis et ses promesses.
Sociologie de la vie quotidienne et socio-anthropologie affûtent concepts et méthodes
dans un but commun: la saisie des rites individuels et des scénographies collectives qui
circonscrivent la vie de tous les jours et suscitent du sens. Pour autant, autour de ce quotidien,
point de croix du maillage théorique, les modalités d'investigations empiriques divergent.
L'empathie d'un côté, la distanciation de l'autre, offrent deux postures antinomiques, a priori
inconciliables. Cette opposition, semble-t-il, relève toutefois plus de la contradiction formelle
que de l'incompatibilité réelle.
Commentant le Journal d'ethnographe de Bronislaw Malinowski, Clifford Geertz (1996,
p81) invite très clairement à dépasser l'alternative: "Il y a beaucoup d'autres éléments que le
plongeon dans la vie indigène, précise-t-il, lorsque l'on veut fonder un travail ethnographique
sur l'immersion totale. Le problème ne consiste pas à devenir indigène. La question consiste à
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
25
vivre une existence multiple: naviguer en même temps sur plusieurs océans". Pour le
socio-anthropologue et le sociologue de la vie quotidienne, le problème est essentiellement,
pourrait-on ajouter, d'expérimenter les vicissitudes de la médiation "littéraire" et de traduire,
avec des mots, une expérience singulière d'altérité (Clifford 1996).
C. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET L’ARCHEO-ANTHROPOLOGIE
Le mot « archéologie » vient du grec ancien bcdefghgije et est formé à partir des
racines bcdejgk (archaios) = « ancien », et hmigk (logos) = mot/parole/discours, puis
« étude »), étude scientifique des cultures et des modes de vie du passé par l'analyse des
vestiges matériels. L'archéologie est ainsi devenue au fil du temps une science
pluridisciplinaire, associant la socio-anthropologie aux autres sciences [ la paléontologie ( la
paléozoologie, la paléo-ethnobotanique, la paléobotanique) la géographie, la géologie,
l'histoire de l'art et la philologie, la géologie, l'écologie, les sciences physiques, la climatologie,
etc.).
1. Le rapport épistémologique
L’archéologie prend sa source dans le monde des Antiquaires et dans l'étude du latin et
du grec ancien, qui l'inscrivent naturellement dans le champ d'étude de l'histoire.
Aux États-Unis et dans un nombre croissant d'autres régions du monde, l'archéologie
est généralement dévolue à l'étude des sociétés humaines et est considérée comme l'une des
quatre branches de l'anthropologie. Les autres branches de l'anthropologie complètent les
résultats de l'archéologie d'une façon holistique. Ces branches sont : l'ethnologie, qui étudie
les dimensions comportementales, symboliques, et matérielles de la culture ; la linguistique,
qui étudie le langage, y compris les origines de la langue et des groupes de langue ;
l'anthropologie physique, qui inclut l'étude de l'évolution et des caractéristiques physiques et
génétiques de l'espèce humaine.
L'archéologie est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier et de
reconstituer l’histoire de l’humanité depuis la préhistoire jusqu’à l'époque contemporaine à
travers l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté et qu’il est parfois nécessaire de
mettre au jour (objets, outils, ossements, poteries, armes, pièces de monnaie, bijoux,
vêtements, empreintes, traces, peintures, bâtiments, infrastructures, etc.).
L'archéologie a été décrite comme un art qui s'assure le concours des sciences pour
éclairer les sciences humaines. L'archéologue américain Walter Taylor a affirmé que
« l'archéologie n'est ni l’histoire ni l’anthropologie. Comme discipline autonome, elle consiste
en une méthode et un ensemble de techniques spécialisées destinées à rassembler, ou à
« produire » de l'information culturelle ».
L'archéologie cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels
quelle que soit la période concernée. En Angleterre, les archéologues ont ainsi mis au jour les
emplacements oubliés depuis longtemps des villages médiévaux abandonnés après les crises
du 4ème siècle ainsi que ceux des jardins du 17ème sicle évincés par un changement de mode.
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Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
26
Au coeur de New York, des archéologues ont exhumé les restes d’un cimetière renfermant les
dépouilles de 400 africains et datant des 17ème et 18ème siècles.
L'archéologie traditionnelle est considérée comme l'étude des cultures préhistoriques,
cultures qui existaient avant l’apparition de l'écriture. L'archéologie historique est l'étude des
cultures qui ont développé des formes d'écriture.
Quand l'étude concerne des cultures relativement récentes, observées et étudiées par
des chercheurs occidentaux, l'archéologie est alors intimement liée à l'ethnographie. C'est le
cas dans une grande partie de l'Amérique du Nord, de l'Océanie, de la Sibérie et de toutes les
régions où l'archéologie se confond avec l'étude de traditions vivantes des cultures en
questions. L'homme de Kennewick fournit ainsi l'exemple d'un sujet d'étude archéologique en
interaction avec la culture moderne et des préoccupations actuelles. Lors de l'étude de
groupes qui maîtrisaient l'écriture ou qui avaient des voisins qui la maîtrisaient, histoire et
archéologie se complètent pour permettre une compréhension plus large du contexte culturel
global, et l'étude du mur d'Hadrien nous en fournit un exemple. Cette complémentarité entre
l’archéologie et l’histoire déborde du cadre de ces disciplines pour s’étendre aux sciences
sociales comme la socio-anthropologie.
2. Le rapport méthodologique
L’archéologue, dans une approche diachronique, acquiert donc l’essentiel de sa
documentation à travers des travaux de terrain (prospections, sondages, fouilles) par
opposition à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Les documents écrits sont
toutefois souvent utilisés avec profit en archéologie lorsqu’ils sont disponibles et conservés.
Dans l’« Ancien Monde », l'archéologie a eu tendance à se concentrer sur l'étude des
restes physiques, les méthodes employées pour les mettre au jour et les fondements
théoriques et philosophiques sous-tendant ces objectifs. L'archéologie (archéosciences)
pluridisciplinaire, relèvent par essence des sciences humaines, elle fait aussi appel à une
panoplie de méthodes venant des sciences naturelles et sciences de la Terre notamment dans
le domaine des datations (14C, dendrochronologie, thermoluminescence, palynologie, la
xylologie-anthracologie, archéozoologie, etc.).
L’évolution du champ (objet empirique) d’étude de l'archéologie au cours du temps lui
conférer de nouvelle charge ou exigence méthodologique. L'archéologie cherchant à saisir la
totalité des vestiges disponibles, explorera des unités d’observation variées comme les
oeuvres d'art, les dépôts d'ordures, les ossements fossiles, les grains de pollen dont la saisie
lui exigera des outils conséquents entre autres la datation par le carbone 14 (ou 14C)
développée par des spécialistes de la physique nucléaire, datation des couches par des
géologues (stratigraphie), évaluation des faunes fossiles par des paléontologues et bien
d’autres outils différents de ceux utilisés par la socio-anthropologie ou l’anthropologie sociale
et culturelle. En effet, là où l’archéologie recourt aux pioches, aux pelles, au pinceau, au
marteau pour extraire les objets ayant appatenu à la civilisation du passé, la
socio-anhropologie ou l’ethnologie privilégie les méthodes qualitatives même si elle reste très
ouverte aux méthodes quantitatives. Parmi ces outils, on peut trouver l'observation in situ
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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(participante ou non), l'entretien, le récit de vie, l'analyse en groupe (ou « focus group »),
l'analyse de contenu, l'herméneutique, l'analyse des réseaux sociaux.
En revenche, la socio-anthropologie a en commun à l’archéologie, comme à toutes
autres sciences en général, l’observation. Il s’agit ici, de l’observation détaillée, description de
situation, c'est-à-dire une analyse de discours, un outil de décodage er de recodage qui
permettent de faire ressortir les typologies, des tendances générales.
D. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA PALEO-ANTHROPOLOGIE
Le mot paléontologie peut être découpé en trois termes grecs :Paleo, de palaios,
ancien ; Ontos, vie, être ; Logie, de logos, étude, discours, science. Il s'agit donc, littéralement,
de la « science étudiant la vie ancienne » et plus précisément, de la discipline qui étudie les
organismes disparus ayant laissé dans les terrains sédimentaires des restes de leur corps ou
des traces de leurs activités. Ces restes ou traces sont appelés fossiles. En effet, terme créé
par H. de Blainville en 1834, à partir du grec palaios, « ancien », onta, « choses » et logos,
« discours », la paléo-anthropologie ou tout simplement paléontologie se veut une branche de
l’anthropologie qui s’intéresse aux formes de vie au cours des temps géologiques et qui se
fonde, pour ce faire, sur l'analyse des fossiles.
1. Le rapport épistémologique
La paléontologie est longtemps restée divisée en deux domaines principaux : la
paléozoologie ou paléontologie animale, qui inclut les recherches sur l’apparition et l’évolution
de l’Homme (on parle, dans ce cas, de paléontologie humaine)., et la paléobotanique ou étude
des végétaux anciens.
L'étude des fossiles permet de retracer l'histoire de l'évolution des espèces vivantes ou
disparues. En cela la paléo-anthropologie rejoint les champs discplinaires de la
socio-anthropologie éprise des questions historiques relevant des techniques utilisées par les
hommes, leurs moeurs, leur morale, leur mode de vie, leur système de valeurs, leur croyances,
leur rites religieux, leur organisation sociale, leur mode alimentaire et habillement ; en somme,
leur culture. Nous en déduisant que la socio-anthropologie et la paléotologie se rejoignent sur
le terrain de la culture.
2. Le rapport méthodologique
La paléontologie est la science qui étudie les restes fossiles des êtres vivants du passé
et les implications évolutives de ces études. On distingue deux principales formes de
paléontologie à savoir la paléontologie systématique et la paléontologie générale ou
fondamentale.
La paléontologie systématique qui a pour objectif premier le développement de
phylogénies sur la base d'observations scientifiques. La paléontologie générale ou
fondamentale ; les paléontologues s'intéressent alors aux problèmes généraux dégagés par la
démarche systématique, aux associations entre les êtres vivants disparus et/ou actuels, à leurs
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évolutions, bref, à l'évolution au cours des temps géologiques.
La paléontologie est donc largement pluridisciplinaire. « Faire parler » les fossiles est
un travail complexe et analytique qui déborde de la simple observation. Des techniques de
chimie, de physique et les statistiques sont couramment utilisées en plus du bagage
traditionnel propre à la paléontologie, le tout sous l'égide disciplinaire de la géologie.
La paléo-anthropologie qui s’interesse aux fossiles, se propose de retracer l'histoire de
l'évolution des espèces vivantes ou disparues par la datation des dépôts sédimentaires dans
lesquels les fossiles sont inclus. Les paléontologues déterminent, par différentes méthodes de
datation, la succession des couches rocheuses et l’âge relatif de ces dernières (c’est la
stratigraphie). La répartition des fossiles dans ces couches permet aux paléontologues de
dresser des cartes géologiques très précises. Après cette étape, s’agissant de la paléontologie
humaine, elle cherchera par l'analyse des fossiles, à reconstituer les formes de vie
humaine au cours des temps géologiques. Elle recourra ainsi aux méthodes
socio-anthropologiques ou ethnologiques comme la mise en scènes des fonctions sociales
(fonctionnalisme) des interactions, des interrelations, des hiérachies ou positions sociales (le
structuralisme), le caractère totale de la vie géologique intégrant les fonctions et les structures
sociales (le structuro-fonctionnalisme) la nature complexes des fonctions et des structures
sociales dans une logique holistique (le systémisme)
La paléontologie en tant que révélatrice de faits du passé dissimulés ou oubliés dans la
nature, est un appui heuristique et méthodologique pour les sciences sociales en générale et
pour la socio-anthropologie en particulier dont utilisent intègre les méthodes.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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CHAPITRE II: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES
GEO-HISTORIQUES ET ECONOMIQUES
La socio-anthropologie se situe dans le champ des sciences sociales ou humaines qui,
comme l’histoire, la géographie, l’économie, la science politique, la psychologie, la science de
la communation, la science jurudique, étudient les comportements humains collectifs. La
La socio-anthropologie peut avoir des points de contact avec ces autres sciences, partager
avec elles les mêmes objets d'études, et même développer des liens interdisciplinaires.
A. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET L’HISTOIRE
Le mot « histoire » vient du grec ancien historia, signifiant « enquête »,
« connaissance acquise par l'enquête », qui lui même vient du terme nopc, hístor signifiant
« sagesse », « témoin » ou « juge ». Il a pour origine les Enquêtes (nogcjef, Historíai en grec)
d'Hérodote. Littéralement, le mot ionien Historíai signifie « recherches, explorations », et
dérive selon toute vraisemblance de la racine indo-européenne *wid- qui signifie voir, ou savoir
pour avoir vu. (10)
1. Le rapport épistémologique
L’histoire est à la fois l’étude des faits, des événements du passé et, par synecdoque,
l’ensemble de ces faits, de ces événements. En tant que telle, elle est en partie liée et
dependante de la socio-anthropologie ou de l’ethnologie. En effet, en tant que récit et
construction d'une image du passé en tentant de décrire, d'expliquer et de faire revivre des
temps révolus, l’histoire se retrouve dans le champ des cultures du passé ; partageant ainsi le
même objet empirique avec la socio-anthropologie. En fait au delà des époques l'histoire reste
toujours une construction humaine, un construit pratico-heuristique pour parler comme Pierre
Bouvier, inscrite dans l'époque où elle est écrite. Comme le dit l'historien Antoine Prost,
« l'histoire, c'est ce que font les historiens » (11). Il fait parler les fait du passé, faits eux-même
chargé des moeurs, du passé, des techniques du passé, des valurs du passé, des modes de vie
passé, en somme de la culture. L’histoire est une sorte de dialogue avec les pratiques du
passé ; elle est une pratique sociale : elle s'inscrit fondamentalement dans son époque, y joue
un rôle, elle est convoquée quelles que soient les époques pour soutenir, accompagner ou
juger les actions des Hommes.
Il est d'usage de considérer qu'on ne peut vraiment préparer l'avenir qu'en connaissant
bien l'Histoire. Ainsi, l’histoire en tant mémoire et témoignage du passé est une référence
heuristique pour la socio-anthropologie dans le décryptage et le décodage de la vie
quotidienne, du contemporain ; en tant que telle, elle est en partie liée et dependant de la
socio-anthropologie. Le rôle de l'histoire dans la société est donc essentiel non seulment par
ses enjeux épistémologiques, mais aussi et surtout par ses défis méthodologiques.
10Antoine Prost, 1996, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Points-Seuil, p. 16.
11Antoine Prost, 1996, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Points-Seuil, p. 16.
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2. Le rapport méthodologique
La méthode historique s'appuie sur un ensemble de sciences auxiliaires qui aident
l'historien à construire son récit. Il est traditionnel de dire que l’histoire, science molle, a
souvent éprouvé le besoin d’emprunter les outils à d’autres disciplines soeurs, telles que la
sociologie ou l’anthropologie. Il faut peut-être ajouter que ces emprunts ont été la plupart du
temps peu formalisés et que la manière d’emprunter a été plus instinctive que théorisée. En
effet, l'histoire est un récit, construit non pas avec une simple intuition intellectuelle, mais à
partir de sources. Elle s'attache avec ces sources à reconstruire plusieurs pans du passé. Au
cours des siècles, les historiens ont fortement fait évoluer leurs champs d'intervention et leurs
sources, ainsi que la manière de traiter ces sources.
Aujourd’hui, dans la mesure où nombre de questions sont à la fois posées à l’histoire
(telle que nous l’avons vécue et la vivons) et à la discipline historique, il semble bien qu’il faille
réfléchir de façon plus aiguë au statut de l’événement et de la parole à l’intérieur du récit
historique. « ... La déréliction des grandes théories se prêtent à un retour du local, du
quotidien, des singuliers pluriels, de l’expression décalée » écrit Pierre Bouvier lorsqu’il
examine l’objet de la socio-anthropologie. L’histoire, frappée comme les autres disciplines,
quoiqu’elle en dise, par la crise sociétale et la perte d’enjeux spécifiques, peut redéfinir
certaines de ses approches à l’aune de ces bouleversements et de ces pertes et manquesenn
empruntant à la socio-anthropologie cert ine de ses napproche notamment la démarche
participation action, le récit de vit et l’observatiobn participante. Ce qui revèle du coup la
contribution méthodologique de la socio-anthropologie à l’histoire. Mais cette contribution sera
réciproque, cela d’autant plus que la socio-anthropologie dans ses analyse diachronique,
s’appuiera sur l’histoire pour rendre fidèlement compten des faits dans leur succession.
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA GEOGRAPHIE
Une science ne se définit pas par son objet empirique (champ de recherche) dans la
mesure où cet objet ne peut être déterminé avec objectivité, cet objet peut être étudié par de
nombreuses disciplines à la fois mais différemment. C'est ainsi que l'espace se trouve l'objet de
la géographie mais aussi de l'architecture, de l'urbanisme, de l'économie, de la psychologie,
de l'aménagement, de la sociologie, et pourquoi pas de la socio-anthropologie ? Chacune de
ces disciplines étudie l'espace à sa manière, sous des angles différents dont l'intérêt ne peut
pas être remis en cause.
1. Le rapport épistémologique
La géographie (du grec ancien iupicevje –geographia, composé de "w iw" (hê gê)
la Terre et "icevufx" (graphein) décrire) est l'étude de la planète, ses terres, ses
caractéristiques, ses habitants, et ses phénomènes. Une traduction littérale serait « décrire ou
à écrire sur la Terre ». Quatre traditions historiques dans la recherche géographique sont
l'analyse spatiale des phénomènes naturels et humains (la géographie comme une étude de la
répartition des êtres vivants), des études territoriales (lieux et régions), l'étude des relations
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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entre l'Homme et son environnement, et la recherche en sciences de la terre.
Néanmoins, la géographie moderne est une discipline englobante qui cherche avant
tout à mieux comprendre notre planète et toutes ses complexités humaines et naturelles, non
seulement où les objets sont, mais comment ils ont changé et viennent à l'être.
A un autre niveau, le géographe étudie aussi la société comme le socio-anthropologue,
analyse les connaissances (savoirs, savoir-faire, savoir-être et savoir faire faire) tient compte
des traditions, les coutumes, propres à un groupe humain, à une civilisation dans un espace
donné pour expliquer le présent. En effet, la géographie s'intéresse au point de vue spatial : la
connaissance de la pratique que les hommes ont de leur milieu, de leur espace et de la
manière dont ils l'utilisent. La géographie revendique aisement, la place d’une science des
localisations. Il s'agit de la structure spatiale, du sens des lieux, des pratiques spatiales, des
problèmes de distributions. Elle se revèle en définitive comme une sorte de
socio-anthropologie cartographique en ce sens qu’elle s’intéresse aux hommes, aux individus
privilégiant les sujets à travers leur vie quotidienne mettant au centre le paradigme existentiel ;
elle n'étudie pas l'espace en soi, l'espace n'est objet d'étude que par les significations et les
valeurs qui lui sont attachées. L'espace est un espace-enjeu, un espace produit et donc un
espace-conflit. Chaque groupe y projette ses représentations qui sont conflictuelles et y inscrit
ses pratiques. La pertinence sociale de la géographie s'exprime à travers son utilité et sa
dimension active. L'homme-habitant doit être au centre de cette problématique: l'exigence
locale, la dimension humaine doivent être au centre des problématiques. La pertinence des
thèmes abordés se mesure par rapport à la vie de la population et ses préoccupations actuelles
tout en renonçant à l'exhaustivité, expliciter les problématiques ; les individus étudiés dans
leur rapport à l'espace sont examinés comme des sujets et non comme des objets. On rejoint
ici le courant humaniste qui fait qu'on n'étudie pas seulement l'homme qui raisonne mais aussi
celui qui éprouve des sentiments, exactement comme le fait la socio-anthropologique
seulement avec une problématique, une demarche et une approche différentes. La géographie
est, en ultime analyse, la traduction des phénomènes socio-culturels en cartes ; partageant
par la même occasion le champ d’étude de la socio-anthropologie qui elle, se présente comme
une base de données empiriques, une matière première pour les projets géoraphiques, une
sorte de géographie spontanée, acartographique.
2. Le rapport méthodologique
La géographie nécessite d'être capable de situer les différentes parties de la Terre
les unes par rapport aux autres. La multiplicité des problématiques doit inciter à la cohérence
beaucoup plus qu'à l'exclusion et au rejet de l'une des problématiques qui ont animé la
discipline. Max Sorre écrivait en 1957 que " la pluralité des points de vue permet de prendre
des choses une connaissance complète" mais cela ne contribue-t-il pas à un court-circuitage
au niveau de l'éclectique. Pour ce faire, de nombreuses techniques, approches et demarche
ont été développées à travers l'histoire, entre autres la démarche génético-verbo-historique, la
démarche hypothético-déductive, la démarche dialectique, la démarche systémique.
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La démarche génético-verbo-historique repose sur la reconstitution historique des faits,
n'utilise pas de lois explicites et s'appuie sur l'idéographie et le particulier. C'est une démarche
empirique et inductive qui nécessite dans son emploi, le recours à la demarche
socio-anthropologique, celle qui se veut participative.
La démarche hypothético-déductive elle repose sur la déduction et le raisonnement, la
formulation d'hypothèses à vérifier et à tester. Cette approche peut être déterministe, mettant
en avant les auestions de cause-effet, donc explicative ; demarche aussi utilisée en
socio-anthropologie.
La démarche dialectique sur le matérialisme historique et la dialectique qui fait que
tout évolue par contradiction et que la logique est circulaire et non linéaire sous-tendue par les
théories marsxistes largement en vogue en socio-anthropologie.
La démarche systémique considère que tout phénomène est un élément d'un système
entier qu'on ne peut comprendre qu'en le plaçant dans le système général. La réalité est
systémique, une entité fonctionnant comme telle à travers l'interdépendance de ses parties et
l'échange avec l'environnement, demarche renvoyant au systémisme, l’une des théories
temporaines angulaires en socio-anthropologie.
Il est vrai que devant le même phénomène, on ne se pose pas toujours la même
question, on n'utilise pas non plus la même démarche ce qui contribue à enrichir le processus
de connaissance de la réalité sous différents angles. Quelque soit le nom dont on l'affuble, la
pratique de la géographie repose obligatoirement sur l'utilisation des modèles qui sont
implicites dans les approches empiriques et explicites dans l'approche hypothético-déductive
et la nouvelle géographie qui repose sur la quantification et la modélisation.
La géographie, elle-même, est un modèle de représentation de la terre, se base sur la
différenciation et la comparaison: " aux côtés des diverses sciences de la nature, aux côtés des
diverses sciences économiques et sociales, la géographie a pour objet l'étude de la
différenciation et de l'organisation de la surface de la terre" Ph Pinchemel 1968. Cette terre
avec tout ce qu'elle porte, tout ce qui vit à sa surface, l'anime et l'enrichit de traits nouveaux
(M Sorre 1961). En tant que telle, la gépographie est une auxilliare décisive dans la phase de
délimitation du champ d’étude au cours d’une activité heuristique. En effet, pour l'étude de
l'espace, il est important de localiser et de suivre l'évolution spatiale des faits géographiques si
bien qu'une des principales sources est représentée par la carte sous toutes ses formes et
échelle: carte topographique, géologique, pédologique, carte d'occupation du sol, carte
d'érosion. La géographie constitue donc une importante source d'information pour
représenter un témoin de l'observation en sciences en générale et socio-anthropologie en
particulier.
C. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SCIENCE ECONOMIQUE
Économique est un mot grec qui apparaît comme titre de deux traités, l'un
de Xénophon, l'autre d'Aristote, dont l'objet est la connaissance et la formulation
des lois (« nomos ») permettant d'optimiser l'utilisation des biens d'une maison (« oikos »),
considérée comme unité collective de production d'une famille élargie ou d'un clan.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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1. Le rapport épistémologique
Les sciences économiques, font partie des sciences humaines et sociales qui étudient
l'allocation des ressources rares à des fins alternatives. Autrement dit, selon l'économiste et
homme politique Raymond Barre, « la science économique est la science de l'administration
des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le comportement humain dans
l'aménagement de ces ressources ; elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un
individu ou une société affecte des moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et
illimités » (Economie politique, PUF, 1959).
Dans une approche la microéconomique, la science économique traite des questions
telles que la richesse et donc le profit, l'énergie nécessaire pour une industrie, la pauvreté ;
elle étudie le comportement individuel des agents économiques. En tant que telle, elle rejoint
le champ d’étude de la socio-anthropologie qui prend en compte le comportement humain. Si
l’intérêt pour le comportement est orienté vers la saisie des agents économique désigne en
tant que personnes morales ou physiques qui participent aux activités de consommation,
de production ou d'épargne pour la science économique, le comportement, en
socio-anthropologie se présente comme l’interface des productions socio-culturels, lécran à
partir duquelle l’on voit l’arrière cours culturelle des peuples observés.
L’approche macroéconomique est en science économique traite des questions de
globalité, sous forme d'agrégats. Elle étudie les choix des individus (tous et non un seul),
des entreprises et des gouvernements sur l'économie nationale et mondiale. De ce point de
vue, la science économique rejoint la socio-anthropologie dans certains aspects de son objet
comme les institons sociales, les réprésentation et mêmes les groupements humain.
Il en ressort que la science économique, à la fois, dans son approche
macroéconomique et microéconomique, rejoint les champs d’étude de la socio-anthropologie.
Il y a aussi là comme un double croisement épistémologique entre la socio-anthropologie et la
science économique ; croisement qui les rapporchent les unes des autres, les invite l’une chez
l’autre et reciproquement, dans l’enrichement de leurs perpectives de recherches. En effet, si
la science économique se donne pour rôle d'analyser comment la société humaine produit ses
richesses et les répartit, la socio-anthropologie portera son intérêt sur les bases
socio-culturelles de la production et de la repartition des richesse ; si la sciences économique
propose des explications et des possibilités d'amélioration à certains dysfonctionnements
économiques et sociaux, la socio-anthropologie donnera les rférents socio-culturel de cette
explication pour ensuite la dépasser leur compréhension à travers les quatre rationnalité . En
fait, Max Weber dans sa typologie d’actions, distingue :
- Premièrement, l’action rationnelle par rapport à un but (zweckrational), dans
laquelle l’acteur définit clairement un but et met rationnellement en oeuvre les moyens lui
permettant d’atteindre ce but (l'action rationnelle par rapport aux fins ou objectifs visés) ;
- deuxièmement, l’action rationnelle par rapport à une valeur (wertrational), dans
laquelle l’acteur agit en fonction d’un idéal, mais de manière rationnelle par rapport à cet
idéal (l'action rationnelle en valeurs, qui tente de rester cohérentes vis-à-vis de ses propres
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valeurs);
- troisièmement, l’action affective, dictée par les humeurs et les émotions ;
- quatrièmement, l’action traditionnelle, dictée par la conformité aux habitudes et aux
coutumes.
2. Le rapport méthodologique
Comme la plupart des sciences humaines, l'économie peut aborder son objet de deux
points de vue complémentaires :
- elle est dite positive lorsqu'elle s'attache à expliquer les
conséquences des différents choix et à décrire la réalité de son
objet ;
- normative lorsqu'elle prescrit une action, une mesure ou
une directive à suivre.
On trouve d'autre part différentes méthodes utilisées par les économistes pour tester
ou construire leurs théories. Les plus significatives sont sans doute , l'économétrie, qui
applique les techniques mathématiques, statistiques et probabilistes à l'étude des données
économiques.
L'économie expérimentale qui au contraire étudie les motivations économiques « en
laboratoire », auprès de petits groupes et rejoint ainsi l'économie comportementale. Ainsi que
l’approche historique. Dans ces deux dernières approches, elle rejoint la socio-anthropologie.
En réalité, la science économique peut être appliquée de différentes manières
(méthode économétrique, microéconomique, macroéconomique, etc.) et y rechercher des
objectifs différents (efficience, égalité, etc.). Karl Polanyi distinguait par exemple deux sens du
terme économique : le sens substantif (l'économie est une science empirique qui étudie des
procès institutionnalisés) et le sens formel (l'économie est une science déductive qui étudie
l'action rationnelle) ; ces deux sens se rapprochent beaucoup des approches
socio-anthropologiques. Il en découlement la socio-anthropologie et la science économique
plusieurs égards utilisent les même démarches. Elles sont donc méthdologiquement proches et
conciliables. Il existe une correlation de l’une et l’autre. Une approche conjointe s’impose. La
science économique peut considérée comme la traduction en terme de production, de
transformation, en distribution et de consommation les biens et services d’origines et
d’essence soco-culturelle. La science économique n’est plus n’est moins que la traduction,
l’interprétation de la culture en langage économique.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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Troisième partie :
LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE
ET LES SCIENCES
GERMINES
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CHAPITRE I: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES
PSYCHO-SOCIALES
Les sciences sociales n’ont pas négligé l’analyse des relations des sociétés à l’individu.
Certains des objets des sciences sociales oscillent de lasociété à l’individu, de la conscience
collective à la conscience individue, du groupe de personne à une seule personnes, de la
culture à la personnalité. Tels sont les cas de la psychologie, de la communication.
A. SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA PSYCHOLOGIE
Étymologiquement, la psychologie est l'étude (logos) de l'âme ou psyché (psukhê) est
l'étude scientifique des faits psychiques, la connaissance empirique ou intuitive des sentiments,
des idées, des comportements d'autrui et des siens, l'ensemble des manières de penser, de
sentir, d'agir qui caractérisent une personne, un animal, un groupe, un personnage.
En son sens grec, cette étude porte sur les fonctions végétatives (psychophysiologie),
sensitives (perceptions, motivation, motricité), intellectives (psychologie cognitive), ( Aristote,
Peri Psukhè). Divisée en de nombreuses branches d’étude, ses disciplines abordent le domaine
aussi bien au plan théorique que pratique, avec des applications thérapeutiques, sociales, et
parfois politiques ou théologiques.
1. Le rapport épistémologique
La psychologie scientifique est née au milieu du 19ème siècle après les autres sciences
naturelles. Les conceptions de la science qu’elle a faites siennes n’étaient apparues qu’à l’ «
époque moderne » (17ème siècle) avec Francis Bacon (1561-1626) en Angleterre, Galilée
(1564-1642) en Italie, René Descartes (1596-1650) en France pour ne citer que ceux là. Elle
en a repris les principes qui avaient permis le renouveau des sciences naturelles. Comme
celles-ci avant elle, elle a du se dégager de la philosophie pour se constituer en discipline
autonome. Ceci n’entraîne pas que des problèmes philosophiques ne restent pas sous jacents
aux questions qu’elle se pose.
Quan à la socio-anthropologie, c'est du côté de la discipline historique qu’elle émergea
épistémologiquement (ce que montrent les travaux d'auteurs comme Buffon, avec son Histoire
naturelle où l'homme trouve sa place parmi les animaux). Puis, la socio-anthropologie se
développa progressivement à l'écart de l'histoire, et dans les dernières années du 19ème siècle,
la discipline commence à prendre sa forme moderne. Les anthropologues contemporains se
réclament de nombreux penseurs des siècles derniers, notamment du siècle des Lumières. En
effet, l'anthropologie peut être comprise au mieux en étant considérée comme descendante du
siècle des Lumières, période où les européens ont commencé à étudier de façon systématique
et minutieuse les comportements humains.
On note comme similitude quant à l’autonomie épistéologique de la psychologie et de
la socio-anthropologie. Les deux disciplines ont dû prendre leur indépendance avant de
s’affirmer comme sciences autonome. En effet, toutes les deux disicplines (la
socio-anthropologie et la psychologie) peuvent regardées comme descendante du siècle des
Lumières.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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Si la psychologie a pour objectif l'investigation du psychisme comme fondement d'une
structure subjective et d'un fonctionnement spécifique (processus et mécanisme) articulé à la
perception et représentation du monde extérieur, La socio-anthropologie a, en fin de compte,
pour objet général de faire de l’Homme et de toutes les dimensions de la vie humaine l’objet
d’un savoir positif.
Puis vinrent les années 30. En efftet, des années 1930 jusqu'aux années 1950 aux
États-Unis, ont marqué un tournant décisif dans l’élaboration du culturalisme, base théorique
de l’anthropologie psychologique.
Par ailleurs, il faut noter que, dans les années 40 et 50, la théorie psychanalytique
domina la pratique de la psychothérapie et exerça également une grande influence sur la
psychologie scientifique, sur les arts et certainement sur la socio-anthropologie.
Le culturalisme, courant de l’anthropologie, est né sous l'impulsion principale de Ruth
Benedict et de Ralph Linton. Le culturalisme tente une description de la société sous les points
de vue conjugués de l'anthropologie et de la psychanalyse. En empruntant la notion de culture
aux anthropologues, la notion de personnalité aux psychologues, le culturalisme cherche à
rendre compte de l'intégration sociale. S'appuyant sur l'observation des sociétés archaïques,
les culturalistes mettent en évidence l'influence prépondérante de la culture sur la personnalité
des individus.
La culture se transmet socialement, de génération en génération et non par l'héritage
génétique, et conditionne en grande partie les comportements individuels donc la
personnalité. En effet, le comportement humain a toujours fasciné les êtres humains. Les
culturaliste comme bien d’autres sont intrigués par les mystères du comportement en
l’occurtence la personnalité et tentent de répondre à certaines questions.
La personnalité, ensemble de traits qui caractérisent la structure intellectuelle et
affective d'un individu et qui se manifestent dans son comportement, indépendamment de
toute signification morale et de toute valeur spirituelle, comprend le caractère d’abord, mais
en plus tous les éléments acquis au cours de la vie.
Le caractère au sens de René LE SENNE (1882-1954), est l’ensemble des
dispositions congénitales qui forme le squelette mental d’un homme. Cette
définition rassemble trois éléments :
- Le caractère n’est pas le tout de l’individu, c’est seulement ce que l’individu possède
comme la résultante des hérédités qui sont venues se croiser en lui.
- Ce caractère est solide et permanent : il assure à travers le temps l’identité
structurelle de l’individu ;
- c’est une armature qui se trouve située aux confins de l’organique et du mental.
A l’inverse du caractère, la personnalité ne laisse hors d’elle rien de ce qui appartient à
la vie mentale. C’est la totalité concrète du moi, dont le caractère n’est que la forme
fondamentale et invariable.
Le Moi, est le centre actif entre la personnalité et le caractère. En effet, le caractère et
la personnalité sont les deux extrémités d’une relation comparable à celle d’une forme et d’une
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matière. Au coeur de cette relation unissant le caractère et la personnalité est un centre actif,
que l’on dit libre pour marquer qu’il aurait pu et pourrait encore spécifier le caractère par une
autre personnalité. C’est à ce centre actif que René LE SENNE réserve le nom de moi.
De ces trois termes, caractère, personnalité, moi, selon René LE SENNE, les deux
premiers sont objectifs, le troisième leur confère l’existence. Pour René LE SENNE, le Moi a une
présence et une initiative centrales et en définitive éternelles alors que le caractère reste une
réalité invariable. La thèse de la réalité du caractère implique déjà l’affirmation d’une certaine
persistance de son identité.
Selon les culturalistes l’anthropologie doit étudier chaque culture en soi, en tant
qu’unité irréductible à une autre. Pour cela le chercheur part de l’observation des
comportements des individus en tant que représentants d’une culture. Le culturalisme définit
de façon déterministe la relation entre la culture et l’individu c’est à dire que la culture va
modeler l’individu plus exatement la personnalité de l’individu. Ce processus s’incrit dans une
dynamique culturelle et les phénomènes qu’elle exprime ou implique entre autres le
multiculturalisme et l’interculturation.
2. Le rapport méthodologique
Toutes les disciplines scientifiques (physique, chimie, biologie etc.) ont cherché à
fonder leurs connaissances sur des faits observables, répétables, mesurables et
communicables. Lorsque cela est possible, l’expérimentation (y compris l’observation
systématique) est devenue la méthode privilégiée d’administration de la preuve. La
psychologie et la socio-anthropologie n’en feraient pas exception.
Les psychologues utilisent différents types de méthodes de recherche. Il est possible
de classer les recherches réalisées en psychologie, en trois grandes catégories : les recherches
Culture B
Culture C
Culture A
Moi
Caractère
Personnalité
INDIVIDU
Multicuturalisme
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
39
descriptives, les recherches corrélationnelles et les recherches expérimentales.
Les méthodes descriptives les plus courantes sont l'observation, l'enquête, les tests et
l'étude de cas. De ces trois méthodes descriptives, trois (l'observation, l'enquête, et l'étude de
cas) sont partagé avec la socio-anthropologie.
L'observation minutieuse et rigoureuse du comportement constitue souvent le point de
départ d'une recherche en psychologie comme en socio-anthropologie. Par observation, on
entend l'investigation d'un phénomène sans que le chercheur intervienne dans le déroulement
du phénomène pour en faire varier certains aspects (auquel cas il s'agit d'expérimentation).
Elle permet de décrire le comportement qu'on souhaite étudier et affiner les hypothèses qui
peuvent ensuite être vérifiées par d'autres méthodes. Employée seule, l'observation sert
davantage à décrire le comportement qu'à l'expliquer.
Deux grands types d'observation peuvent être distingués : l'observation naturelle, et
l'observation systématique. Dans le premier type d'observation [observation naturelle (ou
naturaliste)], il s'agit d'observer le comportement dans son contexte naturel (là où il se produit,
tel qu'il se produit sans intervention du chercheur). Cependant, si l’observation est appliquée
au comportement individuel en la psychologie, elle reste employer, en socio-anthropologie
pour les groupements humains et les institutions sociales.
S’agissant de l’enquête, elle offre des possibilités de recherche inouie à la psychologie
et à la socio-anthropologie. Certains phénomènes difficiles à analyser par observation directe
ou par expérimentation peuvent être étudiés grâce à la méthode de l'enquête. L'enquête
consiste à mettre en évidence des comportements qui se produisent ou qui se sont produits, et
qui ne sont généralement pas directement observables. Avec l'enquête, on peut recueillir des
données en interrogeant directement les gens sur des aspects d'eux-mêmes qu'ils sont en
mesure de décrire. A partir des résultats obtenus auprès d'un groupe d'individus (échantillon),
les chercheurs tirent des conclusions sur l'ensemble de la population de référence. Exemples :
les opinions, les attitudes, les valeurs, les goûts, les assuétudes, la sexualité... La forme
d'enquête la plus connue est le sondage d'opinion, une forme d'enquête qui peut porter sur
des sujets très variés, depuis les habitudes alimentaires jusqu'aux opinions politiques.
L’enquête reste l’une des méthodes très largement utilisées en sicences sociales et humaines
en général, en psychologie et socio-anthropologie en particulier. Il en ressort qu’il y a là un
croisement méthodologique entre la psychologie la socio-anthropologie.
Une étude de cas consiste essentiellement en l'observation approfondie d'un individu
ou d'un petit groupe d'individus. Les études de cas sont donc particulièrement utiles lorsqu'on
essaie de connaître soit un phénomène qui n'est pas encore compris et requiert donc une
exploration, soit un phénomène complexe difficile à reproduire expérimentalement.
En psychologie, les études de cas sont utilisées surtout par les psychologues cliniciens
afin d'illustrer certains principes psychologiques à l'aide du portrait détaillé d'un individu. Des
études de cas célèbres sont celles des premiers patients de FREUD. Celui-ci cherchait dans le
passé de ses patients, l'origine de leurs symptômes. Il utilisait par exemple le cas d'un petit
garçon effrayé par les chevaux pour faire des hypothèses sur l'origine des phobies.
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L’étude de cas peut être aussi utilisée en socio-anthropologie. En en résulte qu’il un
partage méthodologique entre la psychologie et la socio-anthropologie plusieurs points. Le
cours aux mêmes méthodes par la psychologie et la socio-anthropologie nous permet de
concluire à un rapprochement méthododlogie entre ces deux dispilines.
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SCIENCE DE LA COMMUNICATION
La science de l’information et de la communication a pour objet, le processus et le
phénomène de la communication. La communication est le processus de transmission
d'informations. Ce terme provient du latin « communicare » qui signifie « mettre en
commun ». La communication peut donc être considérée comme un processus pour la mise en
commun d'informations et de connaissances.
1. Le rapport épistémologique
La communication est avant tout un phénomène cognitif. Lorsque des technologies de
télécommunication sont employées comme la camarera pour une autoscopie, la
communication doit s'appuyer sur des fonctions complexes (protocoles normés, etc).
La communication (souvent abrégée en com) est l'action, le fait de communiquer,
d'établir une relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu'un, l'ensemble des
moyens et techniques permettant la diffusion d'un message auprès d'une audience plus ou
moins vaste et hétérogène et l'action pour quelqu'un, une entreprise d'informer et de
promouvoir son activité auprès du public, d'entretenir son image, par tout procédé médiatique.
Elle concerne aussi bien l'homme (communication interpersonnelle, groupale...) que
l'animal et la plante (communication intra- ou inter- espèces) ou la machine
(télécommunications, nouvelles technologies...), ainsi que leurs hybrides : homme-animal;
hommes- technologies... C'est en fait, une science partagée par plusieurs disciplines qui ne
répond pas à une définition unique.
Et si tout le monde s'accorde pour la définir comme un processus, les points de vue divergent
lorsqu'il s'agit de qualifier ce processus.
Un premier courant de pensée, regroupé derrière les "Sciences de l'information et de la
communication", propose une approche de la communication centrée sur la transmission
d'informations. Il s'intéresse aussi bien à l'interaction homme-machine qu'au processus
psychique de la transmission de connaissances (avec l'appui des sciences cognitives).
Un second courant, porté par la psychosociologie, s'intéresse essentiellement à la
communication interpersonnelle (duelle, triadique ou groupale). La communication est alors
considérée comme un système complexe qui prend en compte tout ce qui se passe lorsque des
individus entrent en interaction et fait intervenir à la fois des processus cognitifs, affectifs et
inconscients. Dans cette optique, on considère que les informations transmises sont toujours
multiples, que la transmission d'informations n'est qu'une partie du processus de
communication et que différents niveaux de sens circulent simultanément.
Enfin, un troisième courant, issu de la psychanalyse, traite de la communication
intra-psychique.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
41
La communication en tant discipline groupale, socialement structurée, mais aussi que
moyen de diffusion de message écrits ou oraux divers, est chargée des formes de socialité, de
professionnalité et d’indice culturel comme les rites tous construits pratico-heuristique produits
des ensembles populationnels cohérents saisissables par l’immersion, par la distanciation,
l’autoscopie et l’endoréisme, tous matrices épistémologiques usitées en socio-anthropologie.
La science de l’information et communication en tant qu’étude du processus et du
phénéomène commuinication diffuse des empruntes socio-culruelle, des échelles de valeurs,
des modes de vie, des manières de penser, d’agir, de sentir, de se comporter des peuples, la
communication est la traduction en messages, les faits et pratiques socio-culturels dont la
science de l’information et de la communication n’est plus et moins, le cadre displinaire de
cette expression.
2. Le rapport méthodologique
La nature interdisciplinaire des sciences de l’information et de la communication laisse
voir en elles un savoir mosaïque. Ce foisonnement apparaît comme un gage de richesse. Les
Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) ont progressivement acquis une
légitimité académique et une reconnaissance institutionnelle. La diversité des approches
méthodologiques utilisées, conséquences de la multiplicité des objets étudiés, la variété des
théories élaborées ou empruntées à d’autres domaines scientifiques, aboutissent à un
éclatement des perspectives, dont certaines convergent en direction de la socio-anthropologie.
Partant, la science de l’information et de la communication, recourra aisement aux démarches
et approches de la socio-anthropologie entre autres l'enquête, l'entretien et l'observation,
l’autoscopie, l’endoréisme, la participation active, l'implication, l'empathie, la distanciation.
La science de l’information et de la communication est largement tributaire des
contributions théoriques et méthodologiques de la socio-anthropologie dont elle participe à
son tour, à sa diffusion, du moins au plus largement possible. Elle en fait sienne l’étude des
principaux paradigmes de réflexion et de recherche issus des sciences sociales en général et
de la socio-anthropologie en particulier. Nous notons en passant, les «classiques» des sciences
sociales (ex. Durkheim, Weber, Marx) et leurs apports directs ou indirects à l'étude de la
communication. Les liens entre la réflexion théorique et la recherche empirique au cours des
dernières décennies sont dominés et enrichis par les théories largement en cours en
socio-anthropologie, comme le fonctionnalisme, la cybernétique (le sytémisme), la sémiotique,
l’approche de l'énonciation, la fonction d'agenda, la réception active et bien d’autres. Tout ceci
est renchérit par la présentation critique de thèses théoriques et méthologiques sur des
thèmes divers notamment la propagande, la publicité, l’information, l’influence des médias de
masse, l’innovation technologique, la cyberdémocratie, et bien d’autres.
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CHAPITRE II: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES
PSYCHO-JURIDIQUES ET SYMBOLIQUE
Il s’agit ici d’exposer le rapport de la socio-anthropologie avec la criminologie, le droit
et l’hydrogie disicpline symboliquement fécondatrice.
A. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA CRIMINOLOGIE
La criminologie (du latin crimen, « accusation, grief » et du grec ancien hmigk (logos),
« science, discours ») est la science qui étudie les caractéristiques, les processus et les causes
du phénomène criminel. Ce dernier est considéré à la fois sous l'aspect individuel, mais aussi
social.
1. Le rapport épistémologique
La criminologie est un champ de recherches pluridisciplinaire qui fait appel à de
nombreuses autres disciplines allant de la psychologie, au droit, en passant par la sociologie,
l'économie et pourquoi pas la socio-anthropologie. Le spécialiste en criminologie est le
« criminologue ». En effet, née officiellement à peu près en même temps que la sociologie,
elle s'est presque aussitôt enrichie des apports de la médecine, de la psychologie, du droit et
de la pénologie, avant de se développer en direction de la biologie, de la psychologie sociale et
de la socio-anthropologie l’ethnologie.
A l'origine, dans la moitié du 19ème siècle, la criminologie est d'abord un discours sur le
crime et la criminalité, ce qui en fait un des premiers champs d'étude de la sociologie et de la
socio-anthropologie. C'est ainsi que depuis la fin du 19ème siècle, on peut dire que la
criminologie au sens large est la science dont l'objet polymorphe est constitué par tout ce qui
touche le phénomène criminel, soit aux premiers chefs le crime, la criminalité, le criminel et sa
victime, mais aussi et par extension la prévention du crime, la réaction sociale face au crime, la
place des victimes dans le processus criminel, les instances de lutte au crime, le contrôle de la
déviance, l'étude de la violence physique ou morale. Ce qui la transporte insidieusement dans
le champ de la socio-anthropologie ou de l’ethnologie, fait à justitre désigné par Marcel mauss
de phénomène social total (fait à mutiple facette).
La criminologie se voit confier le rôle d’étude du phénème déviant, marginale, l’à côté
du socio-culturel, l’asocio-cultel ou l’anti-socio-culturel. L’objet de la ciminologie oscille de
l’interieur vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur du phénomène social total (fait
multiple facettes). Cette oscillation permanente de son objet l’approchant tout en l’éloignant
de celui de la socio-anthropologie, l’en fait une presque voisine de la socio-anthropologie ;
mi-proche, mi-éloigné épistémologiquement de la socio-anthropologie. En somme une voisine
instable par opposition à une voisine stable, une voisine temporaire par opposition à une
voisine permanente, une voisine diachronique et temporelle par opposition à une voisine
synchronique et inscrite dans la durée, une voisine discontinue par opposition à une voisine
continue. C’est dans ce jeu de continuité et de discontinuité que se construit le rapport
épistémologique de la socio-anthropolgie avec la criminologie.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
43
2. Le rapport méthodologique
Comme depuis le siècle des Lumières, d'une part des juristes s'intéressent au sort que
l'on doit réserver aux délinquants (voir Beccaria, Hélie Faustin), d'autre part des médecins
cherchent à comprendre et à traiter l'esprit criminel (voir Pinel), très rapidement la
criminologie s'est développée dans la direction de la compréhension du criminel ( Lombroso,
Ferri, Lacassagne) démarche éminamment socio-anthropologique (voir la méthode
compréhensive avec Max Weber) et un peu plus tard celle de sa victime. Par cette innovation
méthodologique orientée vers la compréhension, la criminologie rejoint la socio-anthropologie.
Sur ce vaste et multiple objet, la criminologie a eu du mal à développer son monopole
méthodologique et son autonomie scientifique. Dès son origine, elle a été tiraillée par des
mouvements tantôt centripètes tantôt centrifuges. Les premiers ont favorisé le passage des
disciplines mères à une science autonome ; on a vu, par exemple, la sociologie criminelle
devenir la criminologie sociologique, la psychologie criminelle se transformer en criminologie
psychologique, la biologie criminelle muer en biocriminologie et pourquoi la soci-anthropologie
criminelle en criminologie socio-anthropologique en gardant repectivement leurs héritages à la
fois épistémologiques et méthodologiques.
S’agissant de l’héritage méthodologique, la criminologie attachera une identité aux
méthodes en cours en socio-anthropologie comme l'enquête, l'entretien, l'observation,
l’autoscopie, la participation active, l'implication, l'empathie, la distanciation, en leur donnant
des colarations selon ses perspecdtives de spécialisation comme la victimologie, les sciences
policières, la polémologie, la génétique criminelle, le profilage criminel.
Comme ceux qui font la criminologie viennent presque toujours d'une formation
scientifique particulière, la criminologie souffre d'une maladie congénitale que le discours en
faveur de la multidisciplinarité n'a pas encore réussi à endiguer ; il s'agit d'une menace
d'éclatement au profit de sciences spécifiques. Ainsi la criminologie discipline pluridisciplinaire
intégrant les données psychologiques et sociologiques pouvant féconder la socio-anthroplogie
dans le sens d’un élargissement remarquable de la matrice heuristique porteuse de
perspectives conceptuelles, pourra trouver en cette dernière certains remèdes vivifiants à sa
maladie congénitale tout la fécondant à son tour.
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SCIENCE JURIDIQUE (LE DROIT)
Le premier problème vient de la définition même du terme droit. Celui-ci est en effet
un polysème.
1. Le rapport épistémologique
Selon le dictionnaire Littré, le droit est un « Ensemble des règles qui régissent la
conduite de l'homme en société, les rapports sociaux. » (12) Cela lui donne une importance
considérable). Le droit est donc, l'ensemble des règles et normes générales et impersonnelles
qui régissent les rapports sociaux et génèrent des prérogatives et droits pour les personnes,
12Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1863
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susceptibles d'une exécution contrainte institutionnalisée, notamment par l'intervention de la
puissance publique, c'est-à-dire de l'État.
La science du droit ou science juridique se présente alors comme « la construction d’un
système de propositions, comme un langage rigoureux et cohérent » (13), autrement dit
comme un métalangage. C’est selon lui, à cette seule condition qu’il est permis de parler de
science du droit, et par la même d’épistémologie juridique.
La société établit des règles destinées à régir son fonctionnement et à organiser les
relations, économiques ou politiques, des personnes qui la composent. Le droit est donc un
phénomène socio-culturel constant, qui se créé ou se récrée de façon naturelle dès que deux
individus sont réunis. La création ou l'élaboration de règles, qui ne soient fondées ni sur des
considérations morales, ni religieuses, est un phénomène qui se retrouve dans chaque société,
considérée développée ou non. Chaque système juridique élabore des règles juridiques, des
droits comme des responsabilités, de différentes manières. La plupart des pays ont un système
juridique codifié, dit de « droit civil », dont les règles sont modifiées, plus ou moins
régulièrement, par les gouvernements. D'autres utilisent un système dit de « Common Law »,
qui se développe à travers la règle du précédent judiciaire. Un petit nombre de pays continue
de fonder leurs règles sur les textes religieux. Comme, phénomène socio-culturelal, le droit se
met dans le champ d’étude de la socio-anthropologie qui, du coup partage le même objet que
la science juridique.
La science juridique s'intéresse aux hommes, aux individus ; pose des questions
économiques, politiques, mais aussi sociales et culturelles, afin de faire évoluer les règles de
droit à travers des institutions.
La science juridique analyse la sanction attachée à la règle de droit ; car c’est elle qui la
distingue des autres règles, telles que les règles morales et de politesse. La science juridique
aborde le droit comme distinct de l'éthique dans le sens où il ne se prononce pas sur la valeur
des actes, bien et mal, mais définit ce qui est permis ou défendu par l'État dans une société
donnée.
La science jurudique pose des questions récurrentes, quant à l'égalité, la justice, la
sûreté. Selon Aristote, la règle de droit « est meilleure que celle de n'importe quel individu ».
Anatole France écrit quant à lui, en 1894 : « La loi, dans un grand souci d'égalité, interdit aux
riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du
pain. ». En tant que tel, le doit participe à la construction morale, surtout à l’élaboration des
repères socio-culturels. Le droit est donc à l’origine, à la fois, de la production, de la
reproduction et garante des valeurs socio-culturelles. En tant que telle, la science qui
revendique son étude (la science juridique) se retouve concernée par l’objet d’étude de la
socio-anthropologie.
13Atias, Epistémologie juridique, Collection Précis Dalloz, Editions Dalloz, Paris, 2002, p.4.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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2. Le rapport méthodologique
Lapproche méthodologique est la manière d'approcher un fait pour l'analyser, une
sorte d'angle d"attaque et un filtre à travers lequel on essaie d'examiner et d'étudier une
question ou un phénomène. On peut envisager une seule dimension du phénomène étudié qui
va constituer le fil directeur de l'analyse, soit parce qu'ellle est la plus pertinente ou plus
déterminante, soit aussi parce qu'on ne peut pas aussi étudier tous les aspects de la question.
De la même manière, on peut distinguer plusieurs approches juridiques. En effet la
science juridique étudie les phénomènes relatifs au droit dans leur dimension diachronique et
synchronique, unitaire ou différentielle.
L'approche dite diachronique s'intéresse à l'histoire du droit et l’étude de ses évolutions,
sa genèse et sa mise en place dans le temps pour reconstituer le fait, les acteurs et les facteurs
du droit qui sont intervenus pour l’expliquer dans le présent. En tant que telle, la science
jurudique adopte la partage avec la socio-anthropologie l’approche historique. Ceci est étayé
par l’affirmation Henri Lévy-Bruhl. En effet, pour Henri Lévy-Bruhl, le juriste a de la
chronologie et de la vérité une conception différente. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas le moment
où le fait s'est matériellement produit, c'est celui où il exerce son influence.
Quand l'historien étudie un texte de nature juridique son premier réflexe est d'en
rechercher le sens premier. Pour le juriste au contraire, un texte juridique est autre chose
qu'une pièce d'archive dont la signification et la portée restent attachées aux circonstances. Le
texte est destiné à produire ses effets sur un milieu en constante évolution, il s'ensuit qu'il
change constamment de sens, et que sa signification première n'a pas plus d'importance que
les sens différents dont il se charge au cours du temps. Une perception des fait, une analyse
qui rejoint celle de la socio-anthropologie.
Aux yeux de l’épistémologie (du droit), il n'y aurait pas de privilège pour le droit
existant au préjudice du droit passé. En outre, aucune des institutions actuellement en vigueur
ne saurait se comprendre si l'on ne connait ses antécédents, les conditions de sa naissance et
de son développement. Peu importe qu'une institution ait été pratiquée dans le passé sur le
territoire national, ou qu'elle le soit, à l'heure présente dans un pays étranger, sa nature n'en
est pas changée pour autant. De même, pour Henri Levy-Bruhl, ce qui importe, c'est l'étude de
l'institution, et non le lieu ou l'époque où elle est en vigueur. Donc la recherche ne porte pas
sur les systèmes juridiques que sont les droits nationaux.
En revenche, pour la socio-anthropologie, même si la recherche peut porter sur les
sytèmes juridiques, elle porte aussi sur les lieux, l’époque, les acteurs impliqués dans ces
systèmes.
L'approche dite synchronique s'intéresse au droit à un moment précis de son histoire.
De ce point de vue, elle prendra en compte les approches politiques, symbolitques, culturelles
et sociales.
L’approche politique concernerait la mise en perspective des questions du rapport au
pouvoir, du rapport aux regimes politiques, du rapport à la gestion des affaires publiques.
Cette approche intégre celle de socio-anthropologie dans sa mise en scène socio-culturelle de
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l’organisation sociale, des groupe dou des classe d’âges.
L’approche symbolique mettra l’accent sur le rapport du droit au jeu du choix des
systèmes juridiques, des règles et normes générales et impersonnelles qui régissent les
rapports sociaux. Cette approche ralie bien celle de socio-anthropologie dans son près de
decryptages des symboles socio-culturels étudiés.
L’approche culturelle se rapportera aux le phénomène du droit coutûmier, les pratiques
communautaires et les règles traditionnelle. Cette approche s’apparente aussi à celle de
socio-anthropologie dans la saisie des cordonnée socio-culturelles des peuples étudiés.
L’approche sociale se trouve au centre de la problématique d'approche et toutes les
autres volets sont connexes. Cette approche reste familière à la socio-anthropologie dans sa
mise quête des interrelations et interactions sociales des éléments qui composent un système
sociale.
S’agissant de la dimension unitaire ou différentielle du droit, l’une des rares positions
nettes sur la question est celle de Christian Atias. Selon cet auteur l’épistémologie juridique se
doit d'être "résolument différentielle"81.En effet, l’hypothèse de l’unité du doit serait en soi
douteuse et l’épistémologie permettrait justement de faire saillir les différences de traitement
d’une même notion selon ses domaines. Il n’y aurait pas ainsi une notion de jurisprudence,
mais différentes façons de la concevoir par exemple, en droit des contrats, en droit de
l’urbanisme ou en droit de la consommation. Cette approche rappelle le particularisme en
socio-anthropologie. En effet, l’anthropologie se singularise par la tension qu’elle maintient
entre l’universalisme et le particularisme d’une part et d’autre part par sa vision comparatiste
des sociétés.
C. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET L’HYDROLOGIE
Les sciences sociales n’ont pas négligé l’analyse des relations des sociétés à la nature.
Certains des objets des sciences sociales sont partagés avec d’autres disciplines des sciences
de la nature. C’est de le cas de la socio-anthropologie avec l’hydrologie.
L'hydrologie est la science de la terre qui s'intéresse au cycle de l'eau, c'est-à-dire aux
échanges entre l'atmosphère, la surface terrestre et son sous-sol. On parle d'hydrosphère pour
désigner la partie de la planète dans laquelle l'eau se trouve. Les cycles hydrologiques sont
donc présents dans l'hydrosphère.
1. Objet de l’hydrologie
Au titre des échanges entre l'atmosphère, et la surface terrestre, l'hydrologie
s'intéresse aux précipitations (pluie et neige), à la transpiration des végétaux et à l'évaporation
directe de la couche terrestre superficielle.
L'hydrologie de surface étudie le ruissellement, les phénomènes d'érosion, les
écoulements des cours d'eau et les inondations.
L'hydrologie de subsurface ou hydrologie de la zone non-saturée étudie les processus
d'infiltration, de flux d'eau et de transport de polluants au travers de la zone non saturée
(encore appelée zone vadose). Cette zone a une importance fondamentale car elle constitue
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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l'interface entre les eaux de surfaces et de profondeur.
L'hydrologie souterraine ou hydrogéologie porte sur les ressources du sous-sol, leur
captage, leur protection et leur renouvellement.
L'hydrologie urbaine constitue un « sous-cycle » de l'eau lié à l'activité humaine :
production et distribution de l'eau potable, collecte et épuration des eaux usées et pluviales.
Bien que ces domaines soient intrinsèquement liés les uns aux autres, il est utile de
distinguer ces différents aspects de l'hydrologie car les phénomènes physiques en jeu diffèrent
grandement entre eux, ce qui implique des échelles de temps distinctes de plusieurs ordres de
grandeur.
2. Rapport symbolique
Les phénomènes sociaux peuvent être analysés selon deux perspectives
complémentaires. Une première approche structurelle étudie les interactions et les
activités comme les effets de logiques qui leurs sont antérieures. Partant des pratiques
observables, elle essaie de découvrir l’action d’une organisation sociale du travail,
action qui n’est pas donnée empiriquement. Une seconde approche, celle de
l’interactionnisme, privilégie les situations sans remonter au-delà. L’attention est portée, à
partir d’une minutieuse observation ethnographique, sur ce que produisent les
interactions, y compris dans une dimension temporelle. Une fois le cadre des situations
délimitées, l’analyse n’incorpore pas les déterminations extra-scéniques. Ceci ne limite
pourtant pas l’interactionnisme à une micro-sociologie particulièrement adaptée à l’analyse de
la relation de service, ni à une ignorance des contextes sociaux englobants. Simplement, les
propriétés sociales les plus générales n’existent que dans la mesure où elles sont construites
ou reconstruites, et donc observables, dans la succession des interactions au cours desquelles
des rôles successifs peuvent être endossés, des appareillages symboliques utilisés.
Précurseur de l’interactionnisme symbolique, Everett C. Hughes a inspiré des
sociologues tels que Erving Goffman, Howard S. Becker, Eliot Freidson) parmi bien d’autres.
Le concept de « carrière » notamment est utile pour analyser le travail et les groupes
professionnels, mais aussi les comportements des malades dans un hôpital (Goffman, 1968)
ou le développement de l’usage d’une drogue (Becker, 1985). Le rapprochement entre ces
deux perspectives s’inspire de la socio-anthropologie de Pierre Bouvier. Replaçant la lecture
des matériaux d’enquête dans leurs environnements, elle permet, en prêtant attention au
quotidien, d’appréhender des pratiques autonomes vis-à-vis des structures, des écarts,
des frottements de pratiques susceptibles de produire de l’inédit.
L’hydrologie comme science de la terre, discipline très éloignée des sciences sociales
au triple plan heuristique, plan épistémologique et méthodologique, par son concept
d’endoréisme, est parvenus à féconder à travers une riche matrices symboliques, l’approche
socio-anthroplogique de Pierre Bouvier.
L’endoréisme, nous le rappelon, est un terme d'hydrologie qui caractérise des régions
où l'écoulement des eaux (superficielles ou non) n'atteint pas la mer et se perd dans les
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dépressions fermées. Toute pluie ou autre forme de précipitation qui tombe sur un bassin
endoréique ne peut le quitter qu'en s'évaporant. Ce terme hydrologique a été importé et
transposé en socio-anthropologie en revêtant des significations dans l’imaginaire symbolique
du quotidien.
La question du symbolisme abordée dans cette présentation (endoréisme), est
évocatrice de l’interdisciplinarité des recherches face aux questions de la modernité, du
contemporain, de la vie quotidienne, qui offrendes entité endorique.
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
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CONCLUSION
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Au demeurant, il existe parfois des interconnexions dans les énonciations
épistémologiques et méthodologiques du programme des sciences sociales en relation avec
ceux des autres domaines disciplinaires. Aussi bien l’organisation hiérarchique et synchronique
des sciences proposées par Auguste Comte (« les sciences sociales étudient des questions
auxquelles les sciences physiques et biologiques n’ont pas répondu ») que le postulat
méthodologique d’Emile Durkheim (« expliquer les faits sociaux par les faits sociaux ») ont été
perçus comme les bases de la construction scientifique d’un « social » totalement distinct du «
physique » et du « biologique ». C’est partiellement exact, puisque certains objets comme la
morphologie sociale n’étaient pas abordés par les autres sciences, mais on a souvent confondu
la distinction de questionnement (Auguste Comte) ou de méthode (Emile Durkheim) avec la
distinction de l’ensemble des objets d’étude.
Si les questions et les méthodes divergent effectivement, certains objets ont toujours
été partiellement communs. L’analyse du matériel et du vivant, de la « nature », n’échappe pas
au programme des sciences sociales : la différence avec les autres sciences est que cette
analyse est centrée sur les modalités d’appropriation de ce matériel et de ce vivant –y compris
humain- par les sociétés, les groupes sociaux et les individus. Cette appropriation est
examinée par les sciences sociales sous de multiples plans, technologique, cognitif, moral,
juridique, symbolique… Par ces différents processus d’appropriation, le matériel et le vivant, la
nature, sont incorporés dans les fonctionnements sociaux, sans qu’il soit vraiment.
Libérée d'une certaine histoire de type spéculatif, et obligée de forger de
nouveaux concepts, l’anthropologie sociale et culturelle, l'ethnologie ou encore
appelée socio-anthropologie, porta sa réflexion sur la culture et sur la société, cette
dualité devant conduire à deux courants de pensée complémentaires et parfois
opposés. Lorsque la notion de culture rejoignit celle de civilisation (sans qu'une
hiérarchie fût présupposée entre l'une et l'autre), la socio-anthroplogie repensa son
objet en fonction des rapports entre la nature et la culture, celle-ci étant comprise
comme l'ensemble des productions matérielles et intellectuelles ou des
comportements propres à chaque société, transmis par un processus social acquis.
La socio-anthropologie se situe dans le champ des sciences sociales ou
humaines qui, comme la bio-anthropologie, l’archéologie, la paléotologie, la
sociologie, la géographie, l’histoire, l’économie, la psychologie, la communication, la
criminlogie, la science juridique, la science politique, étudient les comportements
humains collectifs et individuels.
La socio-anthroplogie peut avoir des points de contact avec ces autres
sciences, partager avec elles les mêmes objets d'études, et même développer des
liens interdisciplinaires. Sa spécificité tient au fait qu'elle s'attache à la logique sociale
des phénomènes qu'elle observe, tandis que la psychologie tend à en privilégier la
dimension individuelle. Par rapport à la science économique, la socio-anthropologie
propose des cadres d'analyse plus larges et plus qualitatifs pour interpréter les
phénomènes sociaux au-delà de leur pure fonction économique. D'autre part,
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
51
l'anthropologie sociale et culturelle ou l'ethnologie fournissent des analyses en termes
de culture et de pratiques rituelles que la sociologie peut reprendre, tout en ajoutant,
cependant, une dimension plus quantitative, voire statistique.
Les objets soumis à l'analyse socio-anthropologique peuvent être très variés.
À des thèmes classiques comme les relations familiales, les idéologies, la religion,
l'éducation, l'organisation du travail, la violence, le pouvoir ou les pratiques culturelles
peuvent s'ajouter des domaines comme l'art, la technologie, le corps ou la science.
L'activité socio-anthropologique se caractérise par un travail théorique poussé, mais
aussi par une démarche empirique rigoureuse, quantitative et qualitative, et par une
dimension appliquée.
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
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UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
57
Table des Matières
sommaire 2
Avant-propos 3
Introduction 4
Première partie : Première partie : Clarification du concept de socio-anthropologie 5
CHAPITRE I : LA SOCIO-ANTROPOLOGIE COMME CHAMP CONJOINT DE
LA SOCIOLOGE ET L’ANTHRPOLOGIE
9
A. LE CHAMP DE LA SOCIOLOGIE : l’étude de la société et de l’homme 9
1. la sociologie comme l’étude de la société 9
2. la sociologie comme l’étude l’homme : 9
B. LE CHAMP DE L’ANTHROPOLOGIE : l’étude de l’homme 10
a. L’anthropologie comme l’étude de l’homme : 10
b. L’anthropologie comme l’étude de la société : 10
CHAPITRE II : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE COMME ARTICULATION DE
LA SOCIOLOGIE ET DE L’ANTHROPOLOGIE
11
A. LES ENSEMBLES POPULATIONNELS COHERENTS 12
B. LES CONSTRUITS PRATICO-HEURISTIQUES : 12
C. L’ENDOREISME ET L’AUTOSCOPIE 14
1. Endoréisme 14
2. Autoscopie 15
CHAPITRE III : LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE COMME ANTHROPOLOGIE SOCIALE ET CULTURELLE 17
A. L’ETHNOLOGIE 17
B. L’ANTHROPOLOGIE SOCIALE 18
C. L’ANTHROPOLOGIE CULTURELLE 19
Deuxième partie :LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES SOEURS 20
CHAPITRE I: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES ANHTOPOLOGIQUES 22
A. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA BIO-ANTHROPOLOGIE 22
1. Le rapport épistémologique 22
UNIVERSITE Félix Houphouet-Boigny Cocody-Abidjan, UFR des sciences de l’Homme et de la
Société (SHS) Institut des Sciences Anthropologiques de Développment (ISAD)
58
2. Le rapport méthodologique 22
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SOCIOLOGIE 23
1. Rapport épistémologique 23
2. Le rapport méthodologique 24
C. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET L’ARCHEO-ANTHROPOLOGIE 25
1. Le rapport épistémologique 25
2. Le rapport méthodologique 26
D. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA PALEO-ANTHROPOLOGIE 27
1. Le rapport épistémologique 27
2. Le rapport méthodologique 27
CHAPITRE II: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES GEO-HISTORIQUES ET
ECONOMIQUES
29
A. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET L’HISTOIRE 29
3. Le rapport épistémologique 29
4. Le rapport méthodologique 30
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA GEOGRAPHIE 30
1. Le rapport épistémologique 30
2. Le rapport méthodologique 31
C. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SCIENCE ECONOMIQUE 32
1. Le rapport épistémologique 33
2. Le rapport méthodologique 34
Troisième partie :LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES GERMINES 35
CHAPITRE I: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES PSYCHO-SOCIALES 36
A. SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA PSYCHOLOGIE 36
1. Le rapport épistémologique 36
2. Le rapport méthodologique 38
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SCIENCE DE LA COMMUNICATION 40
1. Le rapport épistémologique 40
UE : la socio-anthropologie et les autres sciences socialesSession de novembre 2012
59
2. Le rapport méthodologique 41
CHAPITRE II: LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LES SCIENCES
PSYCHO-JURIDIQUES ET SYMBOLIQUE
42
A. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA CRIMINOLOGIE 42
1. Le rapport épistémologique 42
2. Le rapport méthodologique 43
B. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET LA SCIENCE JURIDIQUE (LE DROIT) 43
1. Le rapport épistémologique 43
2. Le rapport méthodologique 45
C. LA SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET L’HYDROLOGIE 46
1. Objet de l’hydrologie 46
2. Rapport symbolique 47
CONCULUSION 49
BIBLIOGRAPHIE 52
Tables des matières 57
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